ƒƒ article de Victoria Fourel

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Marionnettes, fantaisie, couleurs, bruits, ambition, reggae, interrogatoire, brandy, chansons. On n’eût jamais cru que tous ces mots puissent définir Oliver Twist. Il y a tant de choses dans cette adaptation qu’ils ne suffisent pas à définir le spectacle. Olivier Mellor profite de l’ampleur et du charme du théâtre de l’Epée de Bois pour raconter (sans répéter), les aventures d’Oliver.
C’est d’une telle richesse que l’on ne cesse de se demander où vont s’arrêter les surprises et les trouvailles, retraçant toutes les facettes de l’histoire, tour à tour horrifique, féerique, épique, à grand renfort de savants décors emboîtés et d’ambiances sonores. Cela tient de la prouesse technique, d’abord, tant la mise en scène est dense, et les rythmes exigeants. Cela tient aussi de la prouesse artistique, tant tout est millimétré et assumé, comme en témoigne la présence de régisseurs sur scène, qui font la pluie et le beau temps sur le plateau. Dès le premier tableau, rien ne retombe, tout est dit d’Oliver sans une seconde de perdue. On se rappelle soudain que, plus qu’un héros de roman, Oliver Twist est un portrait parmi tant d’autres dans ce conte, qui fourmille de personnages et de rebondissements.
On passe un moment épatant, entre prodige de théâtre, et théâtre en carton pâte. On est dans une ambiance de fête foraine, formidable et brinquebalante. La richesse des images et des disciplines donnent lieu à des performances très réussies en jeu (Marie-Béatrice Dardenne, que joue Nancy), en marionnette (Jean-Christophe Binet), ou en chansons (le duo de policiers que forment Cyril Schmidt et Olivier Mellor prend toute la lumière des projecteurs).
Mais cet univers marqué et bruyant entre carnaval et maison hantée prend de la place, et empêche parfois les comédiens de repasser dans le concret, les forçant à jouer ‘à la hauteur’ de leurs costumes. Ainsi, ils semblent parfois en faire beaucoup pour être assez solides, lorsqu’on aimerait retrouver le réalisme rude du roman. On perd parfois cette dimension, et Oliver comme personnage central, ce qui empêche parfois d’être complètement touché. De la même façon, les chansons sont parfois inégales, et, quand certaines sont de véritables bijoux, d’autres peinent à être autre chose que des transitions.
Avec une idée à la minute, un très chouette final et des images qui emportent l’imaginaire, on oublie vite les petits défauts, car ils sont les témoins d’une joie, d’une créativité, et d’un respect à tout épreuve.

Oliver Twist
Texte Charles Dickens
Adaptation Eric de Dadelsen et Danièle Klein
Mise en scène Olivier Mellor
Avec Thomas Champlois et Léonard Jacquot (en alternance), Adrien Michaux, Stephen Szekely, François Decayeux, Rémi Pous, Marie-Béatrice Dardenne, Jean-Christophe Binet, Marie-Laure Boggio, Dominique Herbet, Marie-Angèle Moreno, Boris Benezit, Séverin Jeanniard, Cyril Schmidt, Romain Dubuis, Louis Noble, Olivier Mellor.
Régie plateau Noémie Boggio, Brice Cousin, Jocelyn Durand, Hélène Falé, Benoît Moreau, Alexandre Rollin.
Lumière Guillaume Rubin
Son Olivier Wils, Benoît Moreau.

Théâtre de l’Épée de Bois
Métro Château de Vincennes (ligne 1) puis navette diretion la Cartoucherie
Réservation 01 48 08 39 74
www.epeedebois.com

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