© Karine Pedurand

ƒ Article de Victoria Fourel

Être connecté. Ou se déconnecter. Apprendre à vivre avec les écrans qui abolisent les distances, créent du lien et le coupent, parfois. Création protéiforme qui explore ces notions à travers des tableaux divers, Off Line tente de créer du théâtre autour de notre dépendance et le changement dans les liens humains provoqué par notre technologie.

Pour ne pas se laisser faire par le progrès sans conscience, pour se rassurer ou simplement pour faire travailler nos imaginaires, la nouvelle génération écrit de plus en plus sur la technologie. Son évolution, notre incapacité à la raisonner. Les séries de science-fiction comme Black Mirror, et les œuvres d’anticipation en général nous poussent à imaginer, avec plus ou moins de pessimisme, notre avenir.

Le spectacle part du postulat que les générations actuelles sont les dernières à avoir vécu sans Internet. De là, les comédiens se mettent dans des situations plus ou moins réalistes, plus ou moins drôles, aussi, que nous impose notre rapport à nos écrans. Rencontre amoureuse dictée par l’intelligence artificielle, dépendance affective avec notre téléphone, et avec la personne de l’autre côté, etc.

On se reconnaît, et certaines situations résonnent immédiatement, car ce sujet nous questionne, nous aussi. A ce point de vue-là, le spectacle est plaisant, entre réalisme et critique. Mais étant donné que cette réflexion est très actuelle et omniprésente, on en attend énormément d’une création qui égraine tableau après tableau les facettes de notre besoin de tout connecter. On en attend beaucoup, car les spectacles, textes et débats se multiplient, et l’artiste a en ce moment toute sa place dans ces discussions, pour éveiller les consciences, voire les méfiances, nous renvoyer notre propre image, notre propre ridicule.

Les tableaux s’enchaînent parfois avec un peu de difficulté, ne parvenant pas à créer une tension constante, et nous semblent rester un peu en surface du problème. On sent l’engagement et le besoin de réinterpréter nos travers, en mêlant le travail du corps, de la vidéo, du son. Mais le tout manque de liant et aussi, parfois, d’originalité. Une idée émerge, se met en place sur scène, nous interpelle, puis retombe instantanément.

On ne peut nier que l’intention est bonne et que le sujet fascine. Car si la technologie nous inquiète, on ne peut pour autant pas s’en passer, étant donné qu’elle est aujourd’hui un outil omnipotent, à la fois personnel et professionnel, à la fois de divertissement et de gestion. C’est ce que soulève Off line, en se servant de moyens modernes sur scène pour nous en parler, même si le spectacle ne transforme pas complètement l’essai en ne parvenant ni à complètement effrayer, séduire, ou embarquer.

Off Line

Dramaturgie Thierry Gaudin
Mise en scène Margherita Bertoli
Régie Stéphane Leclercq

Avec Valentin Dilas, Adeline Fontaine, Véronique Vogt.

Du 6 au 17 mars 2018, du mardi au samedi à 19h.

Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris

Réservation 01 40 05 06 96
www.reineblanche.com

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