ƒ article de Florent Mirandole
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Oblomov est une être endormi, apathique, arrêté, une vraie « pate molle ». Cet aristocrate russe retrouve toutefois la vie lorsqu’il rencontre la fraîche Olga. Cet amie rencontrée au détour d’un exercice de convivialité forcée tombe très vite amoureuse de lui, et réussit à susciter chez cet être somnolent de brefs instants de vitalité. Par la description de cette relation improbable et oxymorique, l’auteur russe Gontcharov dresse en creux le portrait d’une Russie somnolente, fainéante et sans but. Et plus le personnage se révèle aussi mou qu’un pirojki, plus la charge s’avère violente et brutale.
La pièce s’ouvre sur une des dernières scènes de l’ouvrage, dévoilant ainsi l’issue du combat que va mener Oblomov contre son apathie. Si l’histoire perd alors en suspens, le parti pris du metteur en scène donne l’impression de savoir où il veut aller exactement. Malheureusement ce choix audacieux s’avère être une tentative sans lendemain de donner sa vision personnelle d’Oblomov. Intimidé par les qualités littéraires du texte ou trop respectueux de la part tragique d’Oblomov, Dorian Rossel ne réussit jamais réellement à faire vivre le texte.
Bien entendu Oblomov traine en robe de chambre orientale, se goinfre de tourtes au poulet, et défaille à la moindre vision d’un édredon bien moelleux. Mais la pièce ne décolle jamais vraiment, laissant le soin aux comédiens d’apporter les rares pointes d’humour ou de férocité à leur personnage. C’est d’autant plus dommage que le ridicule ou le vice de certains personnages laissent manifestement la place à un peu plus d’imagination. Les quelques accès de folie de Zakhar, le valet d’Oblomov interprété par Rodolphe Dekowski, laisse deviner toute l’extravagance que le texte pourrait permettre.
La pièce se résume ainsi à une succession de scènes agréables, mises en scène avec soin, mais qui s’avère trop sage pour faire ressentir l’originalité de ce personnage littéraire extravagant de paresse et de folie.
Oblomov
D’après Ivan Gontcharov
Mise en scène Dorian Rossel
Adaptation théâtrale Dorian Rossel et Carine Corajoud
Collaboration artistique Delphine Lanza
Dramaturgie Carine Corajoud
Création musicale Paulette Wright, Anne Gillot et Patricia Bosshard
Assistant Clément Lanza
Scénographie et costumes Sibylle Kössler et Clémence Kazémi
Création lumière Jean Grison et Luc Khiari
Régisseurs en tournée Matthieu Baumann et Olivier Rappo
Avec Rodolphe Dekowski, Xavier Fernandez-Cavada, Elsa Grzeszczak, Jean-Michel Guerin, Fabien Joubert, Delphine Lanza et Paulette Wright
Du 1 au 13 décembre 2015
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Le Montfort Théâtre
Parc Georges Brassens
106, rue Brancion – 75015 Paris
Réservations 01 56 08 33 88
www.lemontfort.fr
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