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Normandie, textes de Henri Decoin & André Hornez, Musique de Paul Misraki, mise en scène de Christophe Mirambeau, Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Oct 17, 2020 | Commentaires fermés sur Normandie, textes de Henri Decoin & André Hornez, Musique de Paul Misraki, mise en scène de Christophe Mirambeau, Athénée Théâtre Louis-Jouvet

 

© Casilda Desazars

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

La croisière s’amuse ! Sur un paquebot de luxe, le Normandie, trois jeunes demoiselles en fleurs, filles de milliardaires, ce qui a son importance, tombent amoureuses. D’un liftier, d’un maître-nageur, d’un télégraphiste. Au grand dam de leurs paternels fort courroucés par leur pauvreté… Sur ce même bateau, une belle horizontale cherche un milliardaire, un pasteur, danseur acrobatique au Sphinx de Montparnasse à ses heures perdues, dûment chaperonné par sa mère soupire à d’autres seins, un barman rêve d’être millionnaire… Tout ce petit monde, c’est si petit au final un paquebot, se cherchent, se croisent, se fuient. Et surtout chantent et dansent.

Normandie, comédie musicale conçue par Henri Decoin et le compositeur Henri Misraki fut un des plus grands succès de l’entre-deux-guerres. Un livret solide à la fantaisie débridée, des lyrics originaux et fort bien troussés sinon détroussés d’André Hornez, jeux de mots hilarants et juste ce qu’il faut de leste, et le swing virevoltant d’Henri Misraki, font de cette comédie musicale une création irrésistible et passionnante, épatante même. Rendons grâce à Christophe Mirambeau d’exhumer cette pépite dans le respect absolu de l’ouvrage avec un talent certain.

Et donc ça swingue à l’entrepont ! Ce paquebot-là, loin d’être en vitesse de croisière, a mis le turbo ! Et la mise en scène de Christophe Mirambeau, astucieuse, élégante, accompagne les élans du cœur, les hauts et les bas, calmes et tempêtes, de cette croisière en folie. Nuls temps morts et pas de décors qui encombrent, rien qui ne fasse obstacle à la musique et à la circulation de ces corps qui se cherchent ou se défient. Juste une projection en arrière-plan, rien de réaliste, quelques illustrations naïves et animées d’un transatlantique qui fend les flots. Non, rien d’autre que les lettres hautes et mobiles du mot Normandie manipulées à vue, tout à la fois mobiliers et, jolie astuce, décomposées et recomposées comme autant de sous-titres pour chaque scène, chaque chanson : Radio, amen, ami, aime, damn, non…, etc. Efficace et pertinent. Et seuls les costumes, somptueux, donnent l’âge du capitaine en somme, la temporalité de l’œuvre. Et quelques gags ici et là forts à propos et si légers, si drôles, à peine appuyés qu’ils n’encombrent pas plus que ça une mise en scène qui file à plein nœud.

Mais surtout Christophe Mirambeau s’appuie sur une distribution hors-pair et homogène, dirigée au cordeau. De très belles tessitures et une énergie sans faille. Ils savent tout faire, jouer de la voix, et quelle voix, et des sentiments. Et un bel enthousiasme à défendre cette œuvre singulière, lequel se communique très vite dans la salle. Appuyée par un orchestre, dirigé au violon par Thibault Maudry en capitaine, qui donne aussi toute sa mesure dans la défense de ce répertoire quelque peu oublié, hélas. Il faudrait les nommer tous, ces passagers qui nous embarquent avec tant de jubilation dans cette étrange lutte des classes, des cabines de premières aux soutes, où les princesses épousent leurs bergers. De Normandie il reste dans les mémoires quelques traces, une pépite surtout : « Ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine », reprise par Ray Ventura et son orchestre. Chanson drôlatique et reprise en chœur ce soir-là par une salle chauffée à blanc. Comme un ultime pied-de-nez, un exutoire. Cruelle ironie !

 

 

Normandie textes Henri Decoin & André Hornez

Musique Paul Misraki

Mise en scène Christophe Mirambeau

Avec l’orchestre des Frivolités Parisiennes

Avec Julie Mossay, Marion Tassou, Caroline Michel, Caroline Roëlands, Servane Brochard, Sophie Girardon, Tiphaine Chevalier, Olivia Pfender, Guillaume Paire, Pierre Babolat, Guillaume Beaujolais, Halidou Nombre, Guillaume Durand, Jeff Broussoux, Denis Mignien, Richard Delestre, Sarah Lazerges, Thibaut Maudry

Restauration et révision de l’orchestre originale Jean-Yves Aizic

Chorégraphie Caroline Roëlands

Décors et costumes Casilda Desazars

Création vidéo Bernard Martinez

Création lumières Fouad Souaker

 

 

Du 13 au 16 octobre 2020

 

Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Square de l’Opéra Louis-Jouvet

7 rue Boudreau

75009 Paris

Réservation 01 53 05 19 19

www.athenee-theatre.com

 

 

 

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