À l'affiche, Critiques // Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent, d’après les écrits de Frida Kahlo, Mise en scène Laurence Cordier – Compagnie La Course Folle, Maison des Arts de Créteil

Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent, d’après les écrits de Frida Kahlo, Mise en scène Laurence Cordier – Compagnie La Course Folle, Maison des Arts de Créteil

Mar 12, 2020 | Commentaires fermés sur Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent, d’après les écrits de Frida Kahlo, Mise en scène Laurence Cordier – Compagnie La Course Folle, Maison des Arts de Créteil

 

© Stéphane Gaillochon

 

ƒƒ article de Garance

Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent, Laurence Cordier continue sa lignée de portraits de femmes artistes, après la rencontre avec les œuvres d’Annie Ernaux, la metteuse en scène s’attaque à un monstre de l’art pictural : Frida Kahlo.

L’emblématique Frida Kahlo, que nous connaissons à travers ses toiles comme une femme forte, révoltée et passionnée, nous apparaît ici non pas en icône puissante et féministe mais comme un être déchiré par sa santé : nous assistons à une bataille intérieure entre la femme et sa souffrance.

Le plus grand malheur de l’artiste mais aussi sa source de créativité la plus puissante tient en un événement tragique : à ses 18 ans la jeune fille se retrouve alitée à la suite d’un grave accident de bus. Après cet épisode, les séquelles de l’accident ponctueront la vie de la jeune femme par de récurrents confinements à l’hôpital, confinements qui participeront à l’affluence imaginative et poétique de Kahlo.

Laurence Cordier s’est inspirée de correspondance et du journal de la peintre – que celle-ci a tenu durant les dix dernières années de sa vie. Les mots y sont donc lourds et rudes.

Plusieurs obsessions transparaissent à travers la pièce : d’abord ce regard exacerbé et frustré sur un corps meurtri. Au plateau : omniprésence de cette danseuse pareille à une poupée, les trois autres corps présents (ceux des comédiens) comme envoûtés par le mouvement et la liberté de ces gestes, vont à la manière de papillons de nuit, se rassembler, se fixer et s’émouvoir de cette présence. Présence fantomatique, électron libre qui se permettra, quand bon lui semble, de venir peindre, dépeindre en une sorte de matador des mots, des situations qui se jouent, des phrases lâchées par les comédiens.

Une autre hantise fait son apparition : l’impossibilité d’enfanter. La caractéristique de cette pièce – vouloir créer un acte faisant communiquer l’art pictural et le théâtre – pose d’ores et déjà cette question. À défaut de pouvoir procréer, l’idée est de donner naissance aux idées, aux émotions, à travers l’œuvre.

La scénographie joue son rôle de marqueur poétique et souligne le texte. Le décor est celui d’un atelier de peintre, cependant les chevalets gigantesque – de la taille d’un échafaudage – s’apparentent tantôt à des guillotines (celles qui séparent le corps physique et blessé de l’esprit vif et libre) tantôt à des cages, celles de l’esprit, de l’univers de l’artiste qui, forcé par l’immobilisation, a dû se renfermer dans une introspection créative.

Acte tout de même épineux et difficile : comment peindre le théâtre ou jouer la peinture ? Tout ce qui est proposé est de bonne volonté, travaillé et précis mais les adresses, trop frontales, donnent un aspect professoral et ludique à la pièce amputant une bonne part de « sensitif ».

 

 

© Stéphane Gaillochon

 

 

Ni les chiens qui boitent, ni les femmes qui pleurent, d’après les récits de Frida Kahlo

Mise en scène Laurence Cordier – Compagnie La Course Folle

Stagiaires à la mise en scène Laura Guitteny et Marine Proot

Création Lumière Alix Veillon

Avec Delphine Cogniard, Paola Cordova, Aline Le Berre et Laurent Manzoni

Dramaturgie David D’Aquaro

Scénographie Cassandre Boy

Construction Décors Atelier de la MCB – Maison de la culture de Bourges / Scène Nationale

Création Sonore Nicolas Daussy

Costumes Augustin Rolland

Régie Générale Mehdi Meskini

Régie Son Kevin Grin
Adaptation Laurence Cordier et David D’Aquaro d’après le journal de Frida Kahlo (© Éditions Du Chêne) et Frida Kahlo par Frida Kahlo (© Éditions Points) de Frida Kahlo.

 

Durée 1 h 20

Du 10 au 12 mars 2020

 

 

Maison de la Culture de Créteil

Place Salvador Allende

94000 Créteil

 

Réservation 01 45 13 19 19

www.maccreteil.com

 

 

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