© Alejandro Guerrero
ƒ article de Nicolas Brizault-Eyssette
Avec les Mémoires d’Hadrien on court, on vole pour retrouver ce texte si précieux de Marguerite Yourcenar, et pour voir ce qui en a été fait, comment il a été adapté pour que Jean-Paul Bordes nous fasse circuler dans cette œuvre fantastique, écrite en 1951. Nous y sommes, certes, mais niveau circulation nous serions plutôt niveau embouteillages, hélas. Hadrien, vieil empereur, écrit une longue lettre à son successeur Marc (Tibur ? Antonin ?) où il lui raconte sa vie, ses victoires militaires, ses goûts pour la poésie, la musique, et puis bien sûr ces instants, cet amour vécu avec le si bel et jeune Antinoüs, malheureusement décédé si tôt. Hadrien est fatigué, conscient de cette mort prochaine. De l’importance donc de transmettre ses idées, les images de cette vie glorieuse et mouvementée, sereine et tristement amoureuse.
Hadrien est devant nous, errant entre quelques ruines romaines. Et, comme plongé dans une lenteur due à son âge, raconte cette mort qui approche peu à peu. Ce qu’il nous raconte est fascinant. Bien entendu, Hadrien revu par Yourcenar, comment dire le contraire ? Reste à voir la mise en scène. Jean-Paul Bordes semble ligoté dans un seul rythme. Certes son personnage est âgé et proche de la mort mais de là à nous badigeonner comme d’une longue phrase, une seule du début à la fin, dont le poids s’écrase ineffablement sur nos épaules, était-ce une bonne idée ? Une petite honte remue et prospère, un ennui certain se développe, épouse une vieille amie, mademoiselle lassitude. On cherche les raisons de cette uniformité, on se réjouit à un moment ou à un autre, la platitude elle aussi s’est dit qu’ailleurs il devait faire meilleur. Mais inquiète, revient voir si nous sommes toujours là.
Certes, on ne s’attend pas à un Rock’n’roll punchy mais on s’attend à être davantage emporté par les Mémoires d’Hadrien. Yourcenar savait le faire mais là, aucune finesse séduisante dans le jeu. Du plat dans la voix, dans le mouvement. Rien, sauf l’envie de retrouver sa bibliothèque ou une librairie, et que l’imagination prouve qu’elle existe encore.
© Alejandro Guerrero
Mémoires d’Hadrien, de Marguerite Yourcenar
Adaptation et mise en scène par Renaud Meyer
Lumières : Jean-Pascal Pracht
Création sonore : Bernard Vallery
Scénographie : Marguerite Danguy des Déserts
Costumes : Mine Vergès
Coréalisation Les Tréteaux de la Velue et Théâtre de Poche-Montparnasse
Avec : Jean-Paul Bordes
Remerciements à Frédérique Foglia, maquilleuse; Maxime Fontanier, créateur de costumes et Bastien Forestier, décorateur
Avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard.
Du 15 janvier au 16 mars 2025
Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h
Durée du spectacle : 1h15
Théâtre de Poche-Montparnasse
75 Bd du Montparnasse
75006 Paris
Réservation : 01 45 44 50 21
www.theatredepoche-montparnasse.com
comment closed