À l'affiche, Critiques // Meeting, d’Antony Hamilton au Théâtre National de Chaillot.

Meeting, d’Antony Hamilton au Théâtre National de Chaillot.

Mar 29, 2016 | Commentaires fermés sur Meeting, d’Antony Hamilton au Théâtre National de Chaillot.

ƒƒ Article de Victoria Fourel

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© Gregory Lorenzutti

Le plateau est habité. Habité par des drôles de boîtiers, petite prouesse technique et rythmique, 64 boîtiers programmés pour jouer la musique sur laquelle deux danseurs vont créer une chorégraphie en miroir, en secousses. Pendant la pièce de 50 minutes, il n’y aura que des percussions sur scène, que des jeux de rythme et de musique, dont nous serons les spectateurs hébétés.

Et être spectateur de la danse sur des sons aussi précis et aussi étranges nous fait d’abord, et aussitôt que les lumières s’éteignent, prendre conscience de l’écoute et de la concentration qu’il faut pour être sensible à tous les bruits du monde. Le moindre mouvement, le moindre frottement est audible et prend un écho. La scène est entièrement sacralisée, seul lieu de l’attention. On est aussi captivé par la façon dont la chorégraphie joue avec la résonnance de chaque mouvement. Saccade, et résonnance. Les deux danseurs jouent avec les codes du lock en hip hop, avec ceux du contemporain, aussi. Ils jouent au miroir, à se sentir sans se regarder. Ils semblent ainsi créer ensemble une partition, composée de cette danse à deux, des petits boîtiers, et aussi, du silence. Les comptes auxquels ils doivent se tenir sont intenables, le souffle est court, mais le corps est tenu. Véritable performance physique, c’est un défi qu’on nous propose de voir.

Mais cela peut aussi, volontairement ou non, devenir un défi pour le public. Le lien avec lui n’est pas toujours évident, et le sens, même s’il n’est parfois qu’une partie infime de l’intérêt que l’on porte à un spectacle, l’est encore moins. Il y a une vraie volonté de danser sur tout ce qui peut créer du son, une volonté d’impressionner et de s’imposer des codes détonnants. Mais où se situe la frontière entre la prouesse technique, la performance pure, et le beau ? Peut-on dire que cela questionne, que cela donne à penser, à rêver, bref, peut-on dire que c’est un bon spectacle sous prétexte que cela est très, très fort ? C’est une réelle question face à Meeting. Là où certains verront la précision métrique de la programmation, l’écoute et le temps incalculable de répétitions nécessaire à ce duo, d’autres se poseront la question de ce que ce spectacle crée, ou cherche à créer en nous. Car ce son de percussions sur le sol peut être perçu comme répétitif voire agressif, et nous empêcher alors de profiter de ces corps et de ces présences.

Meeting interroge alors sur sa visée et sa genèse, mais sans jamais que l’on remette en question la fascination qu’exerce cette pièce courte sur le public. Il y a de l’imagination, du désir et de la recherche, et sans aucun doute, la danse y relève un grand défi.

Meeting
Direction artistique, chorégraphie Antony Hamilton
Conception et fabrication d’instruments, musique Alisdair Macindoe
Lumières Bosc Shaw
Costumes Paula Levis

Du 24 mars au 1er avril
Jeudi 24 et jeudi 31 à 19h45, Vendredi 25, samedi 26, Mardi 29 et Mercredi 30, Vendredi 1er avril à 20h45

Théâtre national de Chaillot
1, place du Trocadéro – 75116 Paris
Métro Trocadéro (lignes 6 et 9)
Réservation 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr

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