ƒƒƒ article de Victoria Fourel

© DR

Microcosme bizarre et décalé, étrangement attirant, le monde du cirque et de la revue est le lieu de ce spectacle (très) vivant, qui dessine le portrait d’une troupe, et nous entraîne dans ce cabaret.

Décrit comme un hymne à la fête et à la différence, le spectacle est chaleureux dans son décor et dans son ton, nous donnant l’impression de pénétrer une roulotte de fortune. Ce qui séduit, c’est la façon dont la revue oscille entre concert et cabinet des curiosités, entre théâtre et musique live, tant la distribution parvient à la fois à une grande précision technique musicalement, et à un réel plaisir d’incarner ces personnages. Personnages d’ailleurs incroyablement mis en valeur par les costumes aux influences steampunk et gothique, décadents, et par des maquillages fascinants. Dans la forme, donc, tout est maîtrisé, placé. On est embarqué et curieux.

Et sur le fond, c’est cette même curiosité qui est intéressante. Plusieurs fois dans le spectacle sont évoqués le rejet dont ces  »créatures » font l’objet, et la tendance du public à s’en amuser et ensuite à s’en désintéresser. En créant des chansons-portraits, en tentant de raconter leurs histoires de vie, le spectacle nous plonge dans ce monde joyeux et mélancolique, de fêtards et de solitaires. Et on est mis face à nos propres contradictions en tant que public : on rit, on tape des mains, on pousse la porte d’un cabaret, d’un cirque, et même d’une salle de spectacle, et on s’oublie. Mais qu’en est-il de celui que l’on regarde ? Bête de foire, objet du désir et objet du jugement, il fera tout pour satisfaire, et lui aussi, s’oublie. Ces personnages de film en noir et blanc font et défont le quatrième mur, se racontent, et mettent une ambiance folle en chemin. On s’amuse beaucoup, mais on est aussi coupable, intrigué, curieux, peut-être trop curieux, donc.

Sur le spectacle en son ensemble, on pourrait peut-être espérer un peu plus de parties jouées, de suspension, pour regarder vivre ces personnages, mais le pari de la revue pêchue et ancrée dans une atmosphère magique est tenu, et c’est un spectacle de Noël comme il en existe peu. Vraiment peu.

Maxi Monster Music Show
Texte et Musique Maxi Monster Music Show
Mise en scène Benoît Lavigne
Avec Solange de Dianous, Moïra Montier Dauriac, David Ménard, Antoine Tiburce, Benoît Delacoudre, Geneviève Thomas.

Du 9 décembre 2015 au 3 janvier 2016.
Du mardi au samedi à 21h30 et le dimanche à 19h.

Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs 75006 Paris
Métro Notre-Dame des Champs (ligne 12)
Réservation 01 45 44 57 34
www.lucernaire.fr

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