Critiques // Marla, portrait d’une femme joyeuse, écrit et mis en scène par Denis Maillefer, au Centre Culturel Suisse

Marla, portrait d’une femme joyeuse, écrit et mis en scène par Denis Maillefer, au Centre Culturel Suisse

Mar 18, 2016 | Commentaires fermés sur Marla, portrait d’une femme joyeuse, écrit et mis en scène par Denis Maillefer, au Centre Culturel Suisse

ƒƒ article de Victoria Fourel

marla_heu-498x373 © Virginie Otth

C’est le portrait d’une femme joyeuse. D’une escort girl qui fait son métier (et qui a la prétention de penser qu’elle le fait bien.) Elle dit son parcours, les regards, son futur, elle dit tout, sans pudeur.

C’est le fait que le spectacle soit né de rencontres avec une vraie Marla qui offre cette délicieuse indiscrétion. Avec seulement des jeux de lumière pour entourer la jeune femme, elle est là, détendue, presque nonchalante, sur sa scène vide. Comme une discussion tard le soir posée sur un plateau. On est suspendu et amusé par la spontanéité, les rires, la soudaine gravité. Magali Heu oscille entre séduction et espièglerie enfantine, et surtout, cultive une qualité de regard et de silence, une réelle intensité dans les vides. Elle parvient à faire de cette conversation un moment de théâtre, et il y a même quelques instants où l’émotion naît, aussi, et où le sourire s’éteint, comme si tout était joyeux, mais pas forcement drôle.

Malgré tout, lorsqu’on arrive au bout, dans les derniers moments du spectacle, on peut se lasser du choix un peu léger de ne pas jouer avec le corps de Marla, de ne pas la mettre en scène. On aimerait qu’elle profite du rire qui déborde de ses lèvres, et des nôtres, pour singer, imiter, changer de tenue, bref, entrer dans la fantaisie de son métier, dans son mystère. Avec ce choix de scénographie et de mise en scène, on reste dans quelque chose de linéaire, et on risque même de tomber, dans la deuxième partie de spectacle, en tout cas, dans une suite d’opinions (au demeurant très justes et utiles) sur la prostitution et le regard porté sur elle. Les sourires en coin et la connivence qui s’installe avec Marla mériteraient donc qu’on soit davantage surpris, moins passifs.

On ne sait si on est amoureux, bons potes, psy ou spectateurs par accident, dans la confession de Marla, mais on en ressort amusé, réveillé, bref, content.

Texte Denis Maillefer
Mise en scène Denis Maillefer
Avec Magali Heu
Du mardi 15 au jeudi 17 mars à 20h
Centre Culturel Suisse
32-38 rue des Francs-Bourgeois 75003 Paris
Métro Saint Paul (igne 1)
Réservation 01 42 71 44 50

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