ƒƒ article de Jean Hostache

Entre une Médée et une Antigone contemporaine, Astrid Bayiha nous raconte un nouveau mythe, donne naissance à une nouvelle figure tragique complète et complexe : celle de Mamiwata.

Divinité aquatique légendaire africaine, la Mami-Wata est ici relue par la jeune et talentueuse Astrid Bahiya, qui édifie autour de cette créature et de ce symbole un mythe bouleversant, une histoire à partager. Cette héroïne africaine, digne des grandes tragédiennes helléniques, marquée par la vengeance, le parricide et le devoir du sacrifice, est ici déplacée dans un asile psychiatrique à la blancheur-clinique. Des thématiques en somme douloureuses, posant la question de l’héritage et de la transmission, allant de pair avec celle de la folie, de l’amour, et d’un espoir acharné et militant pour la génération future. Ce qu’il y a de fascinant dans ce spectacle c’est le constat d’une écriture arrachée au monde contemporain, mais qui résonne et accueille de manière tout à fait puissante les codes de la tragédie antique. Mamiwata est un spectacle métissé par les cultures, les registres stylistiques, la pluridisciplinarité de la forme, et par les temporalités qui s’y croisent. Ces imaginaires et ces poèmes croisés donne à entendre un texte et une proposition complexe et sensible.

Rappelons aussi qu’en plus de signer l’écriture scénique et textuelle de ce spectacle, Astrid Bayiha incarne en tant que comédienne la figure mythique qu’elle a choisie de mettre en scène. Sa présence et son jeu très « direct » (qui ne cherche pas à séduire) possèdent une puissance de frappe immense pour le spectateur, qui reste ainsi accroché à ses lèvres et à l’intensité du récit. On ne sera donc que séduit, mais malgré elle…

MAMIWATA
Texte et mise en scène Astrid Bayiha
Chorégraphie Tess Blanchard
Assistant mise en scène Alain Carbonnel
Créatrice vidéo Sarah Bouyain
Créateur et régisseur lumière Jean Pierre Nepost
Scénographe : Cerise Guyon
Avec : Astrid Bayiha, Swala Emati, et Jordan Large

Du 29 mars au 9, du mercredi au samedi à 20h30, le dimanche à 17h

Théâtre de l’Opprimé
78 rue du Charolais – 75012 Paris
M° Reuilly-Diderot, Montgallet, Dugommier, Gare de Lyon
Réservations au 01 43 40 44 44
http://www.theatredelopprime.com

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