Critique d’Ottavia Locchi –

Échappée d’une pièce de Feydeau !

Ne connaissez-vous pas Mademoiselle Maya ? Pourtant quelle célébrité en son temps ! Georges Feydeau lui-même l’évoque dans sa pièce « Un Fil à la Patte », dans lequel Camille Bouzin compose pour elle… La voici donc parmi nous qui chante et nous enchante de cocasseries et de gaité.

Son spectacle se compose de chansons subtiles et charmantes, entrecoupées de lettres d’admirateurs : Alfred de M., Victor H., Alphonse Daudet, Guy de Maupassant… Mademoiselle Maya a eu son lot de succès ! Ses chansons ne manquent pas de rappeler l’inénarrable Offenbach grâce aux allures et aux arrangements : ils restent en tête et donnent envie de se retrouver un soir de 1890…

Voulez-vous revenir cent ans en arrière ?

Comme le vante le prospectus, Mademoiselle Maya n’a pas chanté… depuis cent ans ! Et pour cause : Mademoiselle Maya est créée de toute pièce par la talentueuse Charlotte Grenat, qui s’est servie de l’évocation de la Demoiselle imaginaire dans la pièce de Feydeau. Quelques titres de chansons sont mentionnés, sans qu’elles n’aient jamais été composées. Aujourd’hui, c’est (enfin) chose faite !

Grâce aux talents réunis de Charlotte Grenat pour les textes et Jean-François Varlet pour les musiques, les chansons telles que « Ah pfut », « Il m’a fait du pied » ou « J’astique tout » voient le jour. Les airs nous emportent dans les tourbillons de l’amant dans le placard et des coiffures en plumes, nous réservant avec humour quelques délicieuses tournures : « Moi j’pique des éping’s dans les plott’ des femmes que je distingue » ou « Il m’a fait du pied, du pied, du pied, du pied de cochon truffé » !

« Permettez que je m’Absinthe un instant ? »

Un mot vient à l’esprit quand on pense à Mademoiselle Maya : la distinction. La Demoiselle est merveilleusement habillée, et son tour de chant avec sa (ou son) pianiste n’est dénué ni de légèreté, ni d’émotions, ni de classe. De plus, quel bonheur de se retrouver malgré nous dans une atmosphère pleinement XIXe ! Ici, point de modernité. Les “r” se “rrroulent”, les mots sont subtils, les gestes coquins et les mélodies mutines.

Vous l’aurez compris, le Théâtre Marsoulan accueille une Mademoiselle Maya survoltée, heureuse et dotée d’une voix lyrique enchanteresse ! Quel contre-ut !

Une destinée peu commune

Charlotte Grenat, issue d’une famille de musiciens classiques, écrit depuis bien longtemps pour les autres (Serge Reggiani, Isabelle Aubret, Gilbert Montagné…). Qui aurait pu prévoir que bientôt Mademoiselle Maya deviendrait son double ? Il y a cinq ans, au Théâtre des Variétés, se montait « Un Fil à la Patte ». Poussée par Olivier Minne, elle profite de l’entracte pour chanter les premières chansons de la célébrité. Le succès fut immédiat, Mademoiselle Maya prenait vie. Depuis, les chansons se multiplient, et le spectacle en “solo” existe enfin. Charlotte Grenat et Jean-François Varlet ont éveillé Mademoiselle Maya au destin qui lui était promis deux siècles auparavant !

Toutefois, le plaisir serait total si ce cabaret pouvait vraiment se réaliser en un lieu plus adapté. On l’imagine déambuler entre les bourgeois de la haute société friands de frivolité « le bon verre à la main, le beau vers à la bouche »… que nous serions devenus le temps d’une soirée avec un plaisir non dissimulé.

Mademoiselle Maya en Ut Intégral
Textes : Charlotte Grenat
Musiques : Jean-François Varlet
Avec : Charlotte Grenat et Zofia Rieger / Alceo Passeo (piano)
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz, Laure Lamboju, Tutu and coe
Décor : Tutu and coe

Du 4 août au 1er septembre 2011

Théâtre Musical Marsoulan
20 rue Marsoulan, 75 012 Paris – Réservations 01 43 41 54 92
www.theatremarsoulan.com

www.myspace.com/mademoisellemaya

CD « Mademoiselle Maya – En Ut Intégral »

© 2010 Universal Musique Classics & Jazz France

www.universalmusic.fr

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