Critiques // « Madame Marguerite » de Roberto Athayde au Guichet Montparnasse

« Madame Marguerite » de Roberto Athayde au Guichet Montparnasse

Jan 15, 2011 | Aucun commentaire sur « Madame Marguerite » de Roberto Athayde au Guichet Montparnasse

Critique de Bettina Jacquemin

Bruno Dairou pose les manuels scolaires de Madame Marguerite au Guichet Montparnasse. Le metteur en scène n’a pas choisi le parti pris d’une version politiquement affirmée. Si la dénonciation d’un système est à l’esprit, l’auteur Roberto Athayde a écrit « Madame Marguerite » dans un contexte de dictature militaire au Brésil, on savoure ici la richesse d’un texte traduit par l’auteur lui-même et porté très justement par une comédienne qui ne ménage pas sa peine.

C’est la rentrée des classes. Madame Marguerite s’agite, s’affole, tonne et peste, insultant à tout-va ses nouveaux élèves qu’elle tente de préparer à l’entrée en 6ème. Biologie, Mathématiques, Histoire et Catéchisme, les disciplines s’enchaînent. Mais, bientôt le principe de la division et la fin de la biologie deviennent prétexte à. Un exutoire permettant à l’institutrice d’exprimer ce besoin intrinsèque lié à la transmission du savoir. L’enseignement dépasse les limites du raisonnable et aborde tour à tour les thèmes éloignés du cadre dit traditionnel de l’éducation scolaire. Le savoir se sexualise, les propos dérangent, l’institutrice semble pathétique, parfois, elle attendrit toujours.

« Ni l’écriture ni le théâtre ne protègent en rien du pire…
mais cela permet quelques instants au moins d’y voir un peu plus clair, et de respirer mieux… » Pierre Notte

Mme Marguerite est entière. Sévère « Vous allez apprendre la biologie à coups de trique ! Scélérats » et sensuelle, Rolberto Athayde l’a également voulue délirante. Dans les propos et dans les gestes. Elle exulte, elle déborde et sur un fond de vérité tragique « vous allez tous mourir », les expressions à double sens, imagées mais implicites font doucement rire. Les situations aussi deviennent cocasses.
Il fallait donc une énergie semblable à celle mise en œuvre par la comédienne Sylvie Bruyant pour réussir la juste adéquation entre réalité tragique et légèreté. Un juste milieu ne condamnant ni l’un ni l’autre, et nous invitant doucement à « y voir un peu clair »
La jeune femme possède la faculté d’instaurer une réelle communication avec le public, suffisamment subtile, légère juste comme il faut pour que l’assemblée soit destinée, lors d’une distribution de concombres à retourner sur les bancs de l’école !
Un dialogue humanisant le personnage, une envie délirante de transmettre un savoir, les grands yeux d’une comédienne ou le reflet d’une âme attendrissante qui aime ses élèves. Une harmonieuse combinaison.

Madame Marguerite
De : Roberto Athayde
Mise en scène : Bruno Dairou assisté de Delry Guyon
Avec : Sylvie Bruyant
Création lumières et son : Antoine Robinet
Scénographie : Elisabeth Marraud des Grottes

Du 12 janvier au 25 mars 2011

Guichet Montparnasse
15 rue du Maine, 75 014 Paris – Réservations 01 43 27 88 61
www.guichetmontparnasse.com

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.