© Frédérique Toulet
ƒƒ article de Hoël Le Corre
Depuis la nuit des temps, et cette « nuit » porte bien son nom, l’Humanité a été contrainte à vivre dans l’obscurité du crépuscule à l’aurore. Puis, l’Homme a découvert le feu, inventé les lampes à huile, les lampes à pétrole. Mais la vraie révolution, celle qui donnera la lumière pour de bon, d’une simple pression sur un bouton, c’est l’électricité, et sa complice, l’ampoule. A n’en pas douter, cette invention a fait entrer l’Humanité dans une nouvelle aire. Mais elle n’est pas sans risque : tout progrès scientifique contient en germe son revers. Et c’est ce que va nous raconter Lumière !
Un jour de 1878, donc, la lumière fût ! Grâce au couple Edison qui vient d’inventer l’ampoule électrique en maîtrisant le courant continu, et dont la partie mâle n’hésite pas à se prendre littéralement pour Dieu. Son rêve prend vie : il va pouvoir éclairer le monde, apporter la lumière dans les foyers, les usines, les rues… Et satisfaire ses lubies de célébrité. C’était sans compter sur l’Empereur, qui se dresse alors devant ce prétendu Dieu : l’industriel Georges Westinghouse, poussé par son épouse Marie, tous les deux aussi ambitieux l’une que l’autre, et qui tentent de s’approprier cette invention.
C’est alors que l’enjeu prend encore une autre dimension : comment faire circuler cette électricité, pour la rendre accessible à tous, où que l’on se trouve ? C’est ici que débarque d’Europe l’énigmatique et génial Nikola Tesla. Persuadé que l’avenir est dans le courant alternatif, ce dernier refuse d’abandonner ses recherches sur ce courant qui semble impossible à mettre en œuvre. Et pourtant…
La guerre de la propriété intellectuelle et des avancées techniques est déclarée, et cette guerre est sans pitié. Ce trio – Dieu, l’Empereur et le Bouffon, entouré des femmes dont le rôle est immanquablement souligné – est bientôt rejoint par une figure obscure, qui apparaît par intermittence, comme une ombre au tableau… Mais ne dévoilons pas tout…
A travers ce pan de l’histoire, Stéphane Landowski nous plonge avec habileté dans cette Amérique avide de progrès, tout comme de réussite financière, mais qui reste conservatrice en matière sociale et de justice. La mise en scène assez classique et fluide de Maxence Gaillard est rythmée par les jeux de lumière de la très belle et luminescente scénographie, qui vient soutenir le propos. Les comédien.ne.s tous très justes, évoluent dans ce décor en déployant leurs doutes, leurs joies, leurs recherches intérieures et leurs travers. Une mention spéciale à Romain Arnaud-Kneisky qui campe un Tesla aussi mystérieux qu’attachant, et dont la minutie des gestes n’a d’égale que l’excentricité des paroles. Au final, tous ces personnages nous rappellent que l’Humanité est capable du meilleur comme du pire, et que les inventions techniques qui nous entourent sont le fait parfois d’une seule personne, ou même d’une seule phrase…
© Frédérique Toulet
Lumière ! de Stéphane Landowski
Texte : Stéphane Landowski
Mise en scène : Maxence Gaillard en collaboration avec Pauline Devinat
Avec : Romain Arnaud-Kneisky, Maxence Gaillard, Guillaume D’Harcourt, Lauriane Lacaze, Lou Lefevre et Mathias Marty
Musique et son : Romain Trouillet
Lumières : Denis Koransky
Costumes : Virginie H.
Scénographie : Georges Vauraz
Du 6 novembre 2024 au 26 janvier 2025
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 16h
Durée : 1h20
Théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Réservations : 01 45 44 57 34
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