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Looking for Neverland, création collective dirigée par Laetitia Wolf, au Théâtre de la Jonquière

Mar 22, 2018 | Commentaires fermés sur Looking for Neverland, création collective dirigée par Laetitia Wolf, au Théâtre de la Jonquière

ƒ Article de Victoria Fourel

Où vont les enfants disparus quand ils sont disparus ? D’après Looking for Neverland, c’est bien sûr l’île de Peter Pan, dans ce monde onirique et mystérieux, que vont ceux qui se sont égarés. Refuge contre le monde des adultes, sanctuaire où l’on imaginerait ces enfants perdus pour ne pas les perdre tout à fait, Neverland est le lieu imaginaire où se rejoignent des personnages que la lumière crue du réel agresse.

Au départ de cette création, il y a le sujet de la disparition d’enfants. Soutenu par l’association 116 000 Enfants Disparus, le spectacle a en trame de fond la question du mystère derrière la disparition. Lorsqu’un enfant disparaît, il y a à la fois l’absence déchirante et l’incertitude cruelle. C’est alors que les parents et les proches, dans l’attente du retour, placent cet enfant, à la fois encore vivant et complètement disparu, à Neverland, pour le garder près de soi. Joli point de départ pour une création collective, autour de la nécessité et le refus de la vraie vie, celle des adultes.

La scénographie emplit en ce sens ce monde de légèreté et de douceur, avec de l’inventivité et un certain goût pour l’enfance. Le monde réel, lui, est matérialisé par des échanges avec l’inspecteur, au micro, qui s’efforce de faire la lumière sur les absences des protagonistes. L’ensemble est cohérent, tout comme les lumières, qui scindent les espaces, créent le mystère.
Que ce soit dans le jeu ou dans les transitions, il y a encore clairement une identité à définir. L’écueil de la création collective qui peine à exister en tant que tout, n’est pas évité.

L’écriture hésite entre moments très justes et très parlés, et au contraire dialogues très écrits, trop littéraires, peut-être. Le même juste milieu reste à trouver dans l’interprétation de ces enfants-adultes, qui doivent chercher à toucher par leur naïveté, sans pour autant singer l’enfance. Le spectacle veut parler de disparitions d’enfants et de retours impossibles à la vraie vie, mais aussi du passage à l’âge adulte, et de la fuite face à une réalité cruelle.

Les idées se bousculent, et parfois se télescopent un peu. On sent un engagement envers une cause, un travail très collectif, et un plaisir dans les performances variées. Il y a aussi le désir prégnant de parler de soi, jeune, avec la ferme ambition de le rester toute une vie. L’ensemble peine à cibler réellement son sujet, en cherchant à tout dire, mais séduit par son envie et son absence de calcul. Un joli spectacle, donc si on aime les îles désertes, les mystères et les jeux d’enfants.

Looking for Neverland, de Laetitia Wolf

Texte Lauren Amboise, Thaïs Doliget, Thibault Gouzarch, Guilhem Lanternier, et
Laetitia Wolf

Direction Laetitia Wolf

Avec Lauren Amboise, Thaïs Doliget, Thibault Gouzarch, Guilhem Lanternier, et Laetitia Wolf, Théo Navarro Mussy

Scénographie Julie Waterinckx, Jennifer Bétourné, Blandine Marie Louise
Création lumières et régie Raphaël Saïer
Régie et micro Théo Navarro Mussy
Costumes Pascal Bordet
Lumières Anne-Marie Guerrero
Création sonore Fabrice Kastel

Du 14 au 17 mars 2018, du mercredi au samedi à 20h

Théâtre de la Jonquière
88 rue de la Jonquière
75017 Paris

Métro Porte de Clichy (Ligne 13)
Réservation Billetreduc

 

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