Critiques // Critique • « L’Ombrelle du trépassé » de Jean Lambert Wild à la Maison de la Poésie

Critique • « L’Ombrelle du trépassé » de Jean Lambert Wild à la Maison de la Poésie

Oct 11, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « L’Ombrelle du trépassé » de Jean Lambert Wild à la Maison de la Poésie

Critique de Bruno Deslot

Un pédoncule d’où bruit un monde souterrain

Une rencontre céleste, dans une chapelle du Morbihan, entre Yann-Fanch Kemener et Jean Lambert-Wild en 2005. Des parcours esthétiques différents mais une certaine idée poétique du monde assurément partagée, prolonge le long de l’ombelle, une succession de mots qui nous raconte le monde depuis des souterrains improbables avec lesquels, semble-t-il, nous ne communiquons plus ! Psalmodiant une culture celte, J. Lambert Wild écrit les mots, Y-F. Kemener les chantent avec cette voix si particulière qui convoque l’humanité.

© Tristan Jeanne-Valès

Habillé d’une longue cotte de mailles, les pieds enfouis dans une minéralité érectile d’où jaillissent les mots, Y-F Kemener, seul en scène, avec une voix venue d’ailleurs, érode la surface d’un cône de déjection, que dessinent la poésie de J. Lambert Wild, conteur d’un monde en perpétuelle évolution, non circonscrit à un delta mais à des espaces bien plus vastes. Passeur de mémoire, le chanteur breton, Y-F Kemener, parle et chante les mots de J. Lambert Wild dans une semi-obscurité qui laisse apparaître l’essentiel fragile d’un habillage sémantique puissant et universel. Une caresse, un « murmure » susurre à l’oreille du spectateur une invitation au voyage, à l’exploration d’un univers faits d’embruns, de genêts… d’une géologie savante dont les strates esquissent la beauté ancestrale de la houle, déroutante et toujours en mouvement.

Plateau sombre, calme olympien, Y-F Kemener est un prisonnier calme ferré à sa colonne de lave. La voix s’élève, quelques gestes accompagnent la parole, le texte opère la magie d’une partition dites et chantée selon un rythme qui ne donne rien de bien théâtral à cet objet. La superposition du chant et de la diction parasite l’écoute du texte, mais les mots nous parviennent tout de même et l’on quitte ce souterrain riche de mille expériences.

L’Ombrelle du Trépassé
De
: Jean Lambert Wild et Yann-Fanch Kemener
Texte et direction
: Jean Lambert Wild
Voix et chant
: Yann-Fanch Kemener
Lumières
: Renaud Lagier
Costume
: Annick Serret
Scénographie
: Jean Lambert Wild
Décors
: ateliers de la Comédie de Caen

Du 5 au 30 octobre 2011

Maison de la Poésie
Passage Molière, 157 rue Saint-Martin, Paris 3e
www.maisondelapoesieparis.com

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