À l'affiche, Critiques // L’imparfait, d’Olivier Balazuc, mise en scène d’Olivier Balazuc, à la Chapelle des Pénitents blancs, Festival d’Avignon In

L’imparfait, d’Olivier Balazuc, mise en scène d’Olivier Balazuc, à la Chapelle des Pénitents blancs, Festival d’Avignon In

Juil 26, 2017 | Commentaires fermés sur L’imparfait, d’Olivier Balazuc, mise en scène d’Olivier Balazuc, à la Chapelle des Pénitents blancs, Festival d’Avignon In

ƒƒ  Article de Victoria Fourel

© Christophe Raynaud de Lage

Victor est par-fait. Il sait comment le rester pour Maman et Papa Premiers, qui sont si fiers de lui. Rien ne semble pouvoir troubler leur existence en tant que PapaMamanVictor, dans leur maison et leur harmonie parfaites. Mais lorsque Victor, soudain, en a assez de sa perfection, Papa et Maman paniquent, et décident d’investir dans un Victor 2, un robot Victor, qui aura pour mission de montrer l’exemple, et de redresser le petit garçon original.

D’abord, il y a un sujet vraiment fascinant. La défense de l’imparfait et des imperfections, l’attachement aux défauts, aux différends, et le but réel de l’éducation. Éduque-t-on nos enfants pour qu’ils soient parfaits ? Dès les premières minutes de spectacle, on sait que la réponse est non. Plats, souriants, Papamamanvictor ne forment qu’une bête à trois têtes, sans individualité. Dans une première partie très drôle, les mêmes questions et les mêmes rituels sont effectués, les mêmes voix haut perchées sont ébahies devant les mêmes dessins du petit garçon. Modèle de publicité sans intérêt. Puis la machine s’enraye, on demande à la technologie d’atteindre la perfection, on lui donne toute la place, puis on le regrette. Ce postulat un peu futuriste et vraiment drôle met en lumière notre rapport à ce qui est bon pour nous, et ce que l’on pense mieux pour nous. Le texte ne prend pas de détour et énonce cette idée simplement, et à l’heure des pédagogies alternatives et de l’enfant roi que l’on veut parfait, le débat vaut le détour.

Avec technique et engagement, les comédiens nous font croire à tout : Cyril Anrep à la fois vendeur de robots et meilleure amie de Maman, Maman hystérique lorsque l’enfant dépasse en coloriant. Tout est grossi ou déformé dans cette caricature vraiment plaisante qui rappelle les banlieues lisses en apparence, mais qui regorgent de drames et de trahisons sous le vernis. Le décor est lumineux, genre maison de poupée, et regorge de beaux volumes, même s’il aurait pu être plus riche en termes de recoins, de surprises. Il aurait pu, pourquoi pas, se transformer davantage au fur et à mesure que la normalité renaît dans ce foyer, et que l’on délaisse de plus en plus la perfection.

L’imparfait est de ces spectacles qui n’ont en soi que peu de défauts, mais qui pour autant ne bouleversent pas complètement. Rythmé, intelligent, déclencheur de réflexion, on imagine aisément les discussions créées avec les enfants autour de leurs impressions. Mais peut-être est-il pris au piège de son ton, du jeu naïf et enfantin, qui l’empêcherait de prendre une autre dimension, plus émouvante, plus surprenante, celle-là ? Peut-être. Quoiqu’il en soit, L’imparfait nous parle de nous. De notre ordinaire, de nos défauts, de nos folies à chérir. Et ça, c’est par-fait !

 

Texte Olivier Balazuc
Mise en scène Olivier Balazuc
Avec Cyril Anrep, Laurent Joly, Thomas Jubert, Valérie Kéruzoré et Martin Sève.
Du 22 au 26 juillet à 11h et 15h, relâche le lundi 24.

Chapelle des Pénitents Blancs
Place de la Principale 84000 Avignon
Réservation 04 90 14 14 14
www.festival-avignon.com

 

 

 

 

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