Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Lieux Communs, texte et mise en scène de Baptiste Amann à L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène, Avignon, Festival IN

À l'affiche, Agenda, Critiques, Evènements, Festivals // Lieux Communs, texte et mise en scène de Baptiste Amann à L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène, Avignon, Festival IN

Lieux Communs, texte et mise en scène de Baptiste Amann à L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène, Avignon, Festival IN

Juil 07, 2024 | Commentaires fermés sur Lieux Communs, texte et mise en scène de Baptiste Amann à L’Autre Scène du Grand Avignon-Vedène, Avignon, Festival IN

ƒ article de Sylvie Boursier

Un domino tombe et entraîne la chute de dizaines d’autres jusqu’à la catastrophe finale ou la rédemption. Le meurtre d’une jeune fille dont l’assassin présumé, un jeune noir, clame son innocence et, en prison, se découvre une vocation de poète, déclenche une cascade d’évènements. Une jeune metteuse en scène militante et lesbienne souhaite faire entendre au public les poèmes du jeune homme, alors qu’un groupe de militantes féministes tente de l’en empêcher. Son ex-amie, affrontera violemment sur un plateau télé une jeune militante, convaincue à priori de la culpabilité de l’accusé. Les coulisses d’un théâtre, le sous-sol du commissariat où se déroule l’interrogatoire, la loge d’une émission télé et un atelier de restauration d’art : peu à peu on comprendra que toutes ces scènes sont liées, que chacun surréagit à ce drame en fonction de sa propre perspective, de ses interprétations a priori.

Issa Traore, l’assassin supposé, est malmené par la police qui veut le pousser aux aveux, mais la victime de ce crime est la fille d’un leader d’extrême droite. Les réseaux de part et d’autre se déchaînent, chacun a des raisons de condamner ou d’absoudre l’accusé. Baptiste Amann pose clairement la question de l’assignation, de l’impact des idéologies sur le travail des policiers, des juges et les prises de position médiatiques.

Il égratigne au passage les médias qui surfent sur l’évènement, les « experts » convoqués pour l’occasion avec une parodie d’émission très drôle sur « L’effet de l’usage des faits, un construit collectif » ou Samuel Réhault, excelle dans le rôle d’un conservateur de musée, totalement perché.

Le problème est que le spectateur est un peu noyé dans cette succession de tableaux, même s’ils se rejoignent tous à la fin. Le texte tombe dans les travers qu’il dénonce, les discours assénés, l’alignement de concepts à la mode et de longs monologues finaux appuient le propos au cas où l’on n’aurait pas compris que la seule façon de dépasser les clivages idéologiques est de revenir à l’humanité de chacun, à la compréhension de nos fragilités communes.

Malgré l’excellence de l’interprétation, la brillance de la scénographie éclatée en quatre dimensions, la fluidité des enchaînements, on reste sur notre faim. Dommage car le sujet abordé est essentiel et la position du metteur en scène, qui ne prend pas partie et montre les mécanismes de fabrication d’une opinion, extrêmement juste.