© Pascal Gely
ƒƒƒ article de Denis Sanglard
Qui donc est Charles Lutwidge Dogson ce doux hurluberlu ? Lewis Carroll diacre, professeur d’Oxford, mathématicien, photographe, collectionneur, bègue et rêveur… créateur d’Alice au pays des merveilles, La chasse au Snark, De l’autre côté du miroir. Maître de la logique et du non-sens, familier du surnaturel et des lapins blancs et dont il ne reste rien ou si peu de son univers, hormis ses livres, la famille n’ayant à sa mort gardé que ce qu’elle jugeait publiable par obsession puritaine et victorienne. Biographie lacunaire, mystère d’une vie, dont s’empare Macha Makeïeff pour une traversée du miroir, une psychanalyse d’un drôle de conte de fée, d’une vie énigmatique. Création visuelle magnifique, comme toujours, un cabinet de curiosité d’un excentrique au plus près de l’enfance. Une lumière (Jean Bellorini) entre chien et loup, de celle des rêves éveillés, entre réalité et illusion. Deux Alice et Charles flanqué de Lewis, l’écrivain et son double, pour passeurs et conteurs de cet étrange voyage. Deux miroirs, promesse d’un au-delà, d’un envers des choses et des êtres. Cet envers que traque Macha Makeïeff, comme on traque le Snark, chez Charles Lutwidge Dogson. D’étranges animaux familiers, lapins, souris, loir, chenille et même un alligator, traversent le plateau où chantent les reines de cœur et de piques, paniquent les cartes à jouer. Macha Makeïeff tisse une toile fragile faite de songe, de cauchemar… C’est un livre d’image précieux et délicat pour adulte n’ayant jamais oublié l’enfant qu’ils portent en eux.
Seulement voilà, malgré le talent des comédiens-chanteurs, tous formidables il est vrai, Macha Makeïeff se perd, comme Alice, dans ce labyrinthe et les lacunes d’une vie. À trop vouloir brasser la somme d’une vie, de l’embrasser avec l’œuvre, on ne s’y retrouve plus vraiment. L’œuvre semble lui échapper comme elle dévora l’auteur… Et nous laisse sur le bord du terrier où s’enfonce Alice. Le fil du récit se rompt et ce n’est plus qu’une succession, fort belles au demeurant, d’illustrations dont on peine à saisir le lien entre elles.
© Pascal Gely
Lewis versus Alice d’après Lewis Carroll
Mise en scène, costumes et décors de Macha Makeïeff
Adaptation Macha Makeïeff et Gaëlle Herman
Lumières Jean Bellorini
Son Sébastien Trouvé
Musique originale Clément Griffaut et Sébastien Trouvé
Coiffures et maquillage Cécile Kretschmar
Magie Raphaël Navarro assisté d’Arthur Chavaudret et Antoine Terrieux
Chorégraphie Guillaume Siard
Assistanat à la mise en scène en tournée Marianne Barrouillet, à la scénographie Clémence Bezat
Assistanat aux costumes Claudine Crauland
Iconographie Clément Vial
Régie général André Néri
Conseillère à la langue anglaise Camilla Barnes
Avec Geoffrey Carey, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Clément Griffault, Jan Peters, Geoffroy Rondeau et Rosemary Standley
Du 27 septembre au 13 octobre 2019
Du lundi au samedi à 20 h
Samedi 5 octobre à 20 h 30,
Le dimanche à 15 h 30
Relâche le mardi
Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis
59 boulevard Jules Guesde
93200 Saint Denis
Réservations 01 48 13 70 00
Theatregerardphilipe.com
reservation@theatregerardphilipe.com
Tournée
17/19 octobre 2019 Le quai, Angers
13/14 novembre 2019 Le Grand R, La Roche-sur-Yon
21/22 novembre 2019 Liberté, scène nationale, Toulon
27 novembre au 7 décembre La Criée, Marseille
11/13 décembre 2019, Scène nationale Sud Aquitaine, Bayonne
19/21 décembre 2019 TNN, Nice
7/11 janvier 2020 Les Célestins, Lyon
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