© J-C Leblanc
ƒƒ article de Hoël Le Corre
Comala, petit village du Nord du Mexique, il fait nuit. Un homme débarque pour la première fois dans la maison, désormais abandonnée, où sa mère a grandi. Il vient accomplir les dernières volontés de cette dernière : mettre le feu aux murs, au passé, aux derniers souvenirs. Cette bâtisse de bois et de tôle, déjà à moitié effondrée sur elle-même, et dont les rideaux flottent encore au vent – seuls vestiges des mouvements qui ont autrefois habités la maison – devrait être vide de toute présence humaine. Et pourtant…
Une présence rode, se meut secrètement, puis se dévoile enfin à notre protagoniste. A la manière d’un Robinson Crusoé, tiraillé entre la frayeur et la curiosité, il va progressivement apprivoiser et les lieux et cet homme qui ne décroche pas un mot. Sont-ils de la même époque, sont-ils frères, amants, ou bien la même personne ? Avec Les quatre points cardinaux sont trois : le nord et le sud, on entre ainsi dans un univers étrange et fantasmagorique, s’approchant tantôt du film d’épouvante, tantôt du réalisme magique de la littérature latino-américaine. Se succèdent alors des scènes où la logorrhée de ce fils attendrissant prend toute la place. Ses histoires farfelues ne font pas broncher l’autre homme, mais elles sont savoureuses, pour nous spectateurs. Sylvain Decure a cette simplicité, cette fluidité de langage qui touche les cœurs et appelle les sourires, voire les rires. Ces moments de parole sont entrecoupés de tableaux où le corps prend le relais dans des chorégraphies saccadées, où la performance physique d’Andrés Labarca est impressionnante de précision et de maîtrise. Les objets s’invitent également au bal, au gré d’effondrements successifs aussi inattendus que cocasses.
Avec cette proposition artistique entre cirque et théâtre, la réalité se retrouve totalement altérée et on ne sait plus si on se trouve dans un rêve ou un cauchemar. Ce spectacle intriguant déroutera sans doute certains spectateurs, les autres y mettront le sens qu’ils souhaitent, ou encore le prendront comme un objet original, plein d’énigmes et de beauté. Ce qui est certain, c’est qu’il déboussole les âmes et la perception du réel !
© J-C Leblanc
Les quatre points cardinaux sont trois : le nord et le sud, par la compagnie Ni desnudo ni bajando
Direction et écriture : Lola Etiève et Andrés Labarca
Interprétation : Sylvain Decure et Andrés Labarca
Collaboration artistique : Silvio Palomo
Scénographie : Justine Bougerol et Ni Desnudo Ni Bajando La Escalera
Conception et réalisation des patines : Gabriel Tondreau
Création lumière : Jérémie Papin
Création sonore : Lola Etiève
Chant : Jean-Paul Mengin
Régie plateau et conception machinerie : Flavien Renaudon
Construction de la maison par les ateliers de la MC93 Maison de la culture de Seine-Saint-Denis
Remerciements : Mathurin Bolze, Christine Bonnet, Marc Etiève, Joëlle Lacanal, Chloée Sanchez, Julian Sicard
Du 17 au 25 janvier 2025
Mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 19h30
Samedi à 18h
Dimanche à 16h
Durée : 1h
Théâtre Sylvia Montfort
106, rue Brancion
75015 Paris
Réservations : 01 56 08 33 88
www.theatresilviamonfort.eu
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