ƒ Article de Victoria Fourel
@ DR
Best-seller, maintes fois joués et adaptés, ces monologues ont fait le tour du monde, occupés à libérer la parole autour du sexe féminin avec humour et sincérité. Cette mise en scène au festival Off continue avec la même envie de suivre ces femmes, que rien ne lie sauf leur sexe.
Sur le plateau, on est comme en pleine répétition. Quelques costumes sur un portant pour entrer dans la peau des personnages, du mobilier de chantier, et trois femmes, qui prendront la parole successivement. C’est vivant et rythmé, et on apprécie, sans ennui, les sauts de personnage en personnage, et de pays à pays. La simplicité paye dans cette création vraiment mise en valeur par de belles lumières et par ce grand et haut plateau, sur lequel scander tous les petits noms du sexe féminin doit être tout à fait jouissif. Moins facile en revanche de rendre le tout vraiment énergique lorsque la position assise est la plus pratiquée sur scène. On est dans un repos, dans un confort, qui prêtent bien sûr aux confidences, mais aussi parfois, à trop de conversation.
La voix de Muriel Robin annonce chaque fragment, raconte ce qui va être raconté ensuite. Si cela a le mérite d’expliquer le contexte dans lequel l’auteure a réalisé ses interviews, c’est parfois un peu facile, cela retire même une forme de mystère qui parfois ferait du bien. Je ne sais pas quelle est l’histoire de cette femme, et je ne veux pas le savoir, je veux seulement l’entendre la dire, me laisser surprendre. Ces enchaînements annonce-scène empêche aussi une prise de parole plus spontanée, plus nécessaire. C’est agréable et complètement juste, mais il manque l’urgence. Si l’on nous dit que les femmes interrogées, réticentes au début, ne pouvaient finalement plus s’arrêter de parler de leur sexe, on ne le sent pas au plateau. Tout est un peu trop millimétré, les tours sont un peu trop respectés. La parole pourrait se faire étonnante, en désaccord, soudain, avec la musique ou la lumière, être là où on ne l’attend pas. Parfois, de la surprise naît dans les scènes en trio, dans l’élégance de … , dans la naïveté de … , dans le magnétisme de … . Là, oui, ça joue, ça se coupe, ça se taquine, ça se jette sur le texte. Dommage que les monologues ne nous donnent pas ça aussi.
Ils sont nombreux, les textes qui disent le sexe. Et bien sûr le sexe féminin. Qui tentent de lui redonner un goût, un nom, une odeur, une fierté. Qui le magnifient. En Avignon, ils sont nombreux, et tant mieux. Écrire ce que c’est que d’entendre « détendez-vous » pendant un examen gynécologique, ce que c’est que de ne pas connaître son sexe, ou de se l’être fait voler par un homme, une ou plusieurs fois. Si cette mise en scène ne tente pas une nouvelle lecture vraiment audacieuse, ni ne crée la surprise, c’est une performance drôle, militante, grand public, un de ces spectacles nécessaires, de plus en plus nombreux, on l’espère.
Les Monologues du Vagin
Texte Eve Ensler
Adaptation Coralie Miller et Alexia Périmony
Mise en scène Coralie Miller
Avec Marie-Christine Adam, Rachel Khan et Juliette Lamboley
Du 7 au 30 juillet 2017 à 22h30.Le Chien qui Fume
76 rue Guillaume Puy 84000 Avignon
Réservation 04 90 85 89 49
www.chienquifume.com
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