Critique de Camille Hazard –
Deux micros pour une histoire.
La pièce s’ouvre sur un refus : « Non Madame, je n’ai pas besoin de vous. »
Phrase qui sera reprise, répétée et scandée jusqu’au dernier mot du spectacle.
Une femme attend au pied d’un lampadaire dans une ville d’Afrique qui n’a pas de nom.
Une ville qui s’apprête à recevoir les larmes du ciel d’août, une ville qui tremble sous une tension latente…
Sous les regards inquisiteurs de cette femme, tour à tour, les spectateurs prennent les traits du visage de « Madame ».
Cette femme attend le retour de son homme, parti en quête d’argent avant la naissance de leur enfant. Abandonnée à elle-même, elle martèle son refus d’accepter de l’aide.
Elle a choisi son destin : Arrivée au monde dans une famille aisée, qu’elle trouvait étriquée elle a préféré la liberté des trottoirs urbains, la misère et la violence.
© Loïc Bescond
Dans une pénombre deux micros suspendus attendent les voix déchirantes de ces deux femmes au même destin.
Fières, orgueilleuses et battantes, leur armure se fissure peu à peu laissant apparaitre une douleur à vif, un besoin sanglant d’être aimé.
Les adresses à « Madame » ressemblent tantôt à des prières tantôt à des menaces.
Les mots deviennent incantations, les larmes du ciel d’août que nous attendons, que nous craignons, sont la promesse « d’un torrent de sanglots que cette femme ne peut se permettre », une trombe d’eau qui viendrait laver cette ville de sa violence et de sa misère.
Une grande poésie s’échappe de ce monologue pour deux voix perdues.
Toutefois, des effets scéniques récurrents (bruits, lumières, musiques, fumée, images vidéo…) nous extirpent du texte pour surligner ses mots, pour y ajouter une illustration inutile.
Les comédiennes installent dès le début un rythme linéaire de leur texte basé sur le modèle : une phrase un silence mais loin d’être pleines et incarnées ses pauses deviennent systématiques et machinales. Le personnage a du mal à s’incarner et les spectateurs à rester concentrer.
Les voix de ces femmes déchirent par moments le silence de la salle mais ont du mal à tenir le spectacle dans sa continuité.
Nous avions pourtant rêvé d’Afrique…
Les Larmes du Ciel d’Août
D’après : Aristide Tarnagda
Adaptation et mise en scène : Ados Ndombasi
Avec : Ados Ndombasi, Maguy Kalomba, Loïc Bescond, Starlette Mathata, Marithe Mitongo
Création lumière : Wedou Wetungani
Direction musicale : Loïc Bescond
Scénographie : Ados Ndombasi, Loïc BescondSamedi 1er octobre à 18h, dimanche 2 octobre à 17h30 et dimanche 4 octobre à 20h30
Dans le cadre du festival Les Francophonies en LimousinC.C.M John Lennon
41 ter rue de Feytiat, 87 000 Limoges – Réservations 05 55 10 90 10