Critiques // Critique • « Les Chagrins Blancs » de la Compagnie Mi-fugue Mi-raison au Théâtre Mouffetard

Critique • « Les Chagrins Blancs » de la Compagnie Mi-fugue Mi-raison au Théâtre Mouffetard

Sep 29, 2011 | Aucun commentaire sur Critique • « Les Chagrins Blancs » de la Compagnie Mi-fugue Mi-raison au Théâtre Mouffetard

Critique de Djalila Dechache

Quelle belle idée d’avoir proposé de rassembler quatre générations de femmes issues de la même famille, toutes les quatre disparues le temps d’une soirée ?
En effet, qui n’a pas rêvé un jour de pouvoir converser et de vive voix avec son arrière grand-mère, sa grand-mère et sa mère ?
On se contente en général de souvenirs, de photos jaunies, de paroles rapportées ou encore de fantasmes nourris.
« Les chagrins blancs » un bien joli titre de pièce, plein de tendresse nostalgique, écrite à quatre mains, jouée en quatuor par quatre femmes différentes les unes des autres.

Quatre femmes dans un boudoir

D’emblée le public est accueilli dans un décor cosy, une belle lumière, ronde, agréable, aussi douce qu’une caresse qui embellit la salle du théâtre Mouffetard. C’est le lieu de la rencontre entre Virginia, trentenaire suicidaire, révoltée qui dans une grand accès de colère dit stop à tout, son confort matériel, ses études de stylisme, son copain et sa vie trop bien rangée.
Lorsque d’un seul coup, chacune des trois femmes apparaît comme poussée par un ressort, sortie d’un écran de cinéma, comme si elles avaient reçu commande de venir en aide à la petite dernière qui n’est pas bien dans sa vie.
Elles décident d’attacher à une chaise et de bâillonner Virginia qui se roule par terre, hurle,tape du pied, mimiques, grimaces, hystérie pour exprimer son mal de vivre qui s’apparente à une gamine capricieuse qui ne sait pas trop ce qu’elle veut.

© Cindy Doutres

Des aveux d’alcôve

Au cours de la représentation, chacune des femmes va se livrer à l’exercice du coming- out et de l’auto-analyse, découvrant aux autres des pans de vie inconnus, sur le registre de la vie amoureuse tourmentée pour l‘essentiel, tenus secrets jusque là.
Comme c’est écrit à quatre mains, les quatre parties sont inégalement structurées, diversement écrites et narrées. Il se peut que l’on décroche par moments pour ce fait, même si se reconnaît plus ou moins, parfois moins que plus, parce que tous nous sommes confrontés dans nos vies à des tumultes affectifs, à des lamentos répétitifs.

Vivre

Nous ne raconterons pas les détails de ce texte pour garder l’effet de surprise pour ceux et celles qui souhaiteraient se rendre a une représentation.
La conclusion est donnée par Virginia qui prononce, juste avant le noir total ces mots:
« Il faut que tu vives ta vie ».
N’y a-t-il que sur le mode du reproche que l’on parle à ses parents, à ses aïeux ?
Pourtant les psychiatres s’accordent à dire que tant que l’on est sur le registre de la plainte, du reproche vis-à-vis de ses parents c’est que l’on n’a pas grandi, que l’on n’a pas mûri. C’est-ce que l’on garde comme impression à la fin, des reproches constants, des reproches et des reproches, tout le temps.

Cependant on quitte la salle dans un état un peu déplorable à cause d’une chaleur étouffante de la salle, une durée de spectacle très différente de celle qui a été annoncée avec un débordement de plusieurs longues minutes, un problème de rythme de la pièce, des rires répétitifs, masculins pour l’essentiel alors que ce n’est ni une pièce comique ni une pièce tragique.

Enfin et c’est une question que je pose : pourquoi utiliser la vidéo, qu’apporte-t-elle au juste dans cette pièce ?Je n’évoque pas ici le travail du vidéaste, j’évoque simplement l’outil-vidéo en tant que tel.

Hommage à l’artiste Pierre Santini

Un salut particulier à Pierre Santini, capitaine de vaisseau qui signe sa dernière saison comme il le précise en édito sur la plaquette du théâtre qu’il dirige.
Merci à vous Monsieur Santini pour tout ce que vous avez défendu d’une manière générale au cours de votre carrière, vos créations, les projets que vous avez montés. Discret, aimable, efficace vous avez notre sympathie, notre émotion, notre fidélité. On vous souhaite tout le bonheur possible dans vos nouvelles aventures où l’humain toujours tient une place prépondérante.

Les Chagrins Blancs
De : La Compagnie Mi-fuge Mi-raison
Mise en scène : Justine Heynemann
Avec : Stéphanie Colonna, Alexandra Galibert, Barbara Grau, Caroline Sahuquet, et les voix de Pierre Arditi et Xavier Gallais
Scénographie : Camille Duchemin
Costumes : Colombe Lauriot
Création lumière : Rémi Nicolas
Film et documentaires : Sébastien Pascot
Dessin de Virginia : Colombe Lauriot
Construction décor : Les ateliers Jipanco
Coiffure : Christine Léostic
Régie : Pascal Moulin et Stéphan Bergé

Du 22 septembre au 5 novembre 2011
Du mercredi au vendredi à 20h30, le samedi à 17h et 21h, le dimanche à 15h

Théâtre Mouffetard
73 rue Mouffetard, Paris 5e
Métro Place Monge – Réservations 01 43 31 11 99
www.theatremouffetard.com

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