À l'affiche, Critiques // Les Bords du Monde, de Laurent Poncelet, mise en scène Laurent Poncelet, au Théâtre de l’Epée de Bois

Les Bords du Monde, de Laurent Poncelet, mise en scène Laurent Poncelet, au Théâtre de l’Epée de Bois

Avr 17, 2018 | Commentaires fermés sur Les Bords du Monde, de Laurent Poncelet, mise en scène Laurent Poncelet, au Théâtre de l’Epée de Bois

© Laurence Fragnol et Laurent Poncelet

 

ƒƒƒ Article de Victoria Fourel

Les bords du monde. Large thème pour une création qui, à partir d’improvisations, d’histoires personnelles et d’identités mêlées, explore le collectif, la traversée des frontières, et tout ce que le travail a jugé bon de faire apparaître.

Il faut parler d’énergie pour parler de ce spectacle. Une énergie puisée au fond de nos traditions, de nos histoires ancestrales. Une énergie presque tribale. Le corps laisse sortir tout ce qu’il retient, on recherche un lâcher-prise total, un épuisement. Ce spectacle, joué par des artistes de cultures et de langues diverses, puise dans le rythme, dans le souffle, dans le mouvement, pour nous faire parvenir ce que chacun a à dire sur les frontières et les périphéries du monde, sur les coins oubliés qui tentent de venir jusqu’à nous. En un mot, pour nous faire parvenir une grande soif de dire. Dans un premier temps, ce trait de caractère du spectacle peut fatiguer, voire effrayer. Les cris du cœur sortent en même temps que les bruits des pas et de la tôle, des percussions et des corps, dans un volume systématiquement fort, trop expressif et permanent peut-être.

Mais au fur et à mesure de la pièce, le bruit s’apaise pour laisser place à des vécus tous différents, à du texte dans toutes les langues représentées, à de la respiration. On entend toujours l’urgence de transmettre ce plaidoyer pour le collectif, pour la reconnaissance de nos ressemblances. Mais de nouvelles dimensions se dévoilent à nous. Un vrai talent pour la création de tableaux presque picturaux où le mouvement vient de partout à la fois, une émotion spontanée, presque enfantine, et aussi un grand sens de l’humour. On n’aurait pas cru en s’asseyant qu’on aurait droit à un petit tour d’horizon touristique de la Syrie, nous encourageant vivement à la visiter !

C’est un spectacle dont chacun se fera sa propre image. D’une part, parce que les textes, lorsqu’ils sont en portugais du Brésil, et en arabe de Syrie ou du Maroc, ne sont que partiellement traduits. On est frustrés par cette idée, et à la fois poussés à accepter le dire de l’autre, qui est venu de loin pour le dire. D’autre part, parce que c’est une création que l’on peut voir comme politique ou poétique, comme hyper contemporaine ou au contraire enveloppée de traditions. C’est une création qui appartient complètement à son public.

Les Bords du Monde met la musique au centre du plateau, la performance et la recherche de l’effort en base de l’écriture, et vient nous chercher, petit à petit, de plus en plus, nous intègre, nous parle, nous explique. Un peu imperméable au début, le spectacle nous ouvre son langage en même temps qu’il avance, pour terminer sur des tableaux complètement collectifs et emballants, qui résonnent longtemps après. Qu’elle est belle la liberté et qu’il est bon de la chercher toujours.

 

Les Bords du Monde, de Laurent Poncelet

Dramaturgie  Laurent Poncelet
Mise en scène  Laurent Poncelet
Assistant  José W Junior
Création  musicale Zakariae Heddouchi et Clecio Santos
Lumière  Fabien Andrieux

Avec Gabriela Cantalupo, Abdelhaq El Mous, Luciana Gética, Zakariae Heddouchi, Márcio Luiz, Ahmad Malas, Mohamad Malas, Carolayne Miranda, Lucas Pixote, Germano Santana, Clécio Santos, Sodjiné Sodetodji

Du 12 au 22 avril 2018, du jeudi au samedi à 20h30, le samedi et le dimanche à 16h

Théâtre de l’Epée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris

Réservation 01 48 08 39 74
http://www.epeedebois.com

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