© Pierre Grosbois
ƒƒ article d’Emmanuelle Saulnier
D’un drame d’enfance, Céline Milliat-Baumgartner a fait un livre, Les Bijoux de pacotille, dont elle a été invitée à lire des extraits, et puis le plateau, on peut le comprendre s’est progressivement imposé à la comédienne. Le spectacle a été créé il y a presque une décennie au théâtre de la Bastille et il y revient pour fêter son entrée dans la centaine de ses représentations.
Céline Milliat-Baumgartner n’est pas tombée dans les écueils qui guettent souvent l’autofiction ou les pièges de l’affectation ou des larmes. Elle retrace avec la légèreté de l’enfance, les étapes, les chemins, les paradoxes de l’épreuve du deuil, sans jamais inviter le pathos et sans s’interdire l’humour et la magie (au sens propre). Elle accorde de la place aux silences, aux regards, aux sourires. On ne quitte pas ses yeux bruns et sa bouche rouge d’où sort une voix (parfois un peu trop) enfantine, pleine de candeur et de vérité, mais sans fausse pudeur non plus.
Même si on n’adhère pas forcément à tous les choix (en particulier le passage des pointes qui semble plaqué et un brin convenu, même s’il a sans doute du sens dans le vécu de la comédienne), la metteuse en scène Pauline Bureau (qui ne s’intéresse pas pour la première fois à l’enfance – Neige) vient ajouter à la grâce avec la scénographie délicate d’Emmanuelle Roy. Ce miroir suspendu, comme en équilibre instable, est un bel outil métaphorique où se reflètent les vagues de la vie, sur un sol à la couleur de l’espoir, une couleur qui n’existe pas vraiment à l’état naturel, qui évoque celle des volets de la Maison de la vie romantique, qui aurait été polie et adoucie par le flux et du reflux, en harmonie avec le bleu pâle de la robe vintage à souhait, dont les poches renferment des traces de ses fantômes. La mémoire se reconstruit ou se réécrit.
« Mais comment tu feras quand on ne sera pas là ? ». Question bien saugrenue posée à une enfant de 8 ans. Vécue comme un question-présage après l’accident. La réponse plusieurs décennies plus tard est tout sauf extravagante, elle est poétique, un peu magique, et pleine d’espérance surtout.
© Pierre Grosbois
Les Bijoux de pacotille, de Céline Milliat-Baumgartner
Mise en scène : Pauline Bureau
Scénographie : Emmanuelle Roy
Costumes et accessoires : Alice Touvet
Lumière : Bruno Brinas
Composition musicale et sonore : Vincent Hulot
Dramaturgie : Benoîte Bureau
Vidéo : Christophe Touche
Magie : Benoît Dattez
Travail chorégraphique : Cécile Zanibelli
Avec : Céline Milliat-Baumgartner
Durée : 1h05
Jusqu’au 17 mai 2025 à 20h, le samedi à 18h
Théâtre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris
T 01 43 57 42 14
www.theatre-bastille.com
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