© Charlotte Corman
ƒƒƒ article de Toulouse
Librement inspiré de Scènes de la vie conjugale de Bergman, série mythique en six chapitres, Gina Calinoiu et Lionel Gonzalez plongent sur scène dans les méandres du couple et forment un duo d’une puissance redoutable avec Les Analphabètes.
Eros et Thanatos, deux forces contraires, magnétiques, qui ne se passent pas l’une de l’autre. Ici c’est comme cela que nous est dépeint la vie turbulente et acide d’un couple, celui de Johan et de Marianne, tout aussi plein de haine que de passion. Les tensions qu’ils tendent au plateau sont si bien pensées qu’elles sont par moment insoutenables à nos yeux.
Il faut dire que nous sommes face à deux interprètes d’un talent remarquable et qui à eux deux hurlent la justesse. Ils présentent à ce jour le fruit d’un travail de recherche en laboratoire d’assez longue haleine, qui donne ici un résultat tout à fait brillant et solide. On sent chez chacun d’eux un travail immense autour de la construction d’un paysage intérieur fait de mille nuances et d’une complexité rare. Chacun des personnages est ainsi nourri d’un imaginaire profond et sensible, qui trace des lignes de conduite limpides dans leur parcours et allume chez eux un petit brasier donnant au jeu un caractère plein de vie. Ils ne choisissent pas, dans cette écriture collective de recherche au plateau, de retranscrire le texte de Bergman. Leur processus de création s’avère bien plus complexe. Ce qu’ils choisissent de faire c’est d’arriver sur scène sans texte, sans tenir à rien, mais l’esprit plein de tempêtes et activé d’une pensée très riche. Ils improvisent donc à deux, sachant bien les routes et les virages qu’ils ont à emprunter, ce qu’ils ont à jouer dans ce canevas bien ficelé, mais sans tenir à aucune mise en scène figé. Or, la fixité de la mise en scène par moment peut donner un côté bien mortifère au théâtre. Ici c’est tout le contraire. Ils sont si vivants et si sincères. Il s’agit pour eux de conserver l’architecture ou l’ossature dramatique des Scènes de la vie conjugales, d’en éclaircir les enjeux et la pensée de ce qui se joue puis, une fois tout cela précisé, de se lancer dans le ring.
Ils sont accompagnés d’un troisième acolyte, Thibault Perriard musicien aux mille casquettes, qui apporte une présence douce et réconfortante. Sa musique jouée en direct aère le spectacle, allège ou renforce la gravité des scènes, et enfin donne un rythme soutenu à ces deux heures et demie de théâtre que nous ne voyons filer à aucun moment.
© Charlotte Corman
Les analphabètes, librement inspiré de Scènes de la vie conjugales d’Ingmar Bergman
Un spectacle du Balagan’ retrouvé
Avec Gina Calinoiu, Lionel González, Thibault Perriard
Collaboration artistique Marion Bois
Scénographie Lisa Navarro
Lumière Fabrice Ollivier
Costumes Élisabeth Cerqueira
Du 8 au 24 février 2019
Du lundi au samedi à 20h et le dimanche à 15h30 (relâche le mardi)
Rencontre avec l’équipe artistique, le dimanche 17 février 2019, à 17h
Théâtre Gérard Philipe
59 boulevard Jules-Guesde
93 207 Saint-Denis Cedex
Réservation au 01 48 13 70 00
http://www.theatregerardphilipe.com
RER D ou transilien H arrêt Saint-Denis
Metro ligne 13 arrêt Basilique Saint-Denis
Tramway T1 arrêt Théâtre Gérard Philipe
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