Laurent Terzieff n’attendra plus Godot !           

L’un des plus grands comédiens français, Laurent Terzieff, a succombé vendredi 2 juillet 2010 à l’âge de 75 ans, à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, de complications pulmonaires, comme l’a annoncé son agent, Alain Ichou. Une voix de légende à la silhouette fragile, au visage émacié, à la voix grave et puissante, incarnait encore l’hiver dernier Philoctète d’après Sophocle à l’Odéon avec un talent inégalable. C’est toute une poésie du théâtre qui nous quitte aujourd’hui et avec elle, la force d’un engagement qui n’a jamais cédé à la facilité, ce que le grand artiste avait rappelé lors de la dernière cérémonie des Molières en avril dernier « refusé l’imposture intellectuelle et la facilité » et tenté de « trouver un espace entre le divertissement pur et l’élitisme ».

Remportant le Molière du comédien pour les deux pièces L’Habilleur de Ronald Harwood et Philoctète d’après Sophocle, il avait été la vedette de la Nuit des Molières en avril dernier.

Fils d’une plasticienne et d’un sculpteur russe, Laurent Didier Alex Terziev était né à Toulouse le 27 juin 1935. Adolescent, déjà passionné de poésie et de philosophie, il assiste à la représentation de la Sonate des spectres de Strindberg, dirigée par Roger Blin. C’est une révélation et Laurent Terzieff se consacre entièrement au théâtre. Marcel Carné le révèle en lui donnant l’un des rôles principaux dans Les Tricheurs, portrait de jeunesse à la fin des années 1950. Puis il tourne sous la direction des plus grands, Godard, Bunuel, Berri, Pasolini, Garrel puis se revient à la scène ensuite pour fonder sa compagnie de théâtre. Il fait connaître des auteurs anglo-saxons comme T.S. Eliot et interprète des rôles très variés dans les pièces de Claudel, Beckett, Adamov, Brecht, Rilke en passant par Corneille et Pirandello. Sa disparition marquera durablement l’histoire du théâtre.

Laurent Terzieff interprète un poème

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