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L’Écume des jours, de Boris Vian, mis en scène par Julie Desmet Weaver, Grenier à sel, Festival d’Avignon – Off

Juil 07, 2021 | Commentaires fermés sur L’Écume des jours, de Boris Vian, mis en scène par Julie Desmet Weaver, Grenier à sel, Festival d’Avignon – Off

 

© Alain Lagarde

 

ƒƒ article de Emmanuelle Saulnier-Cassia

Julie Desmet Weaver propose une adaptation de L’Écume des jours à la fois originale et qui a du sens par rapport à la lettre et l’esprit du texte de Boris Vian.

Un seul comédien, qui joue Colin, est présent sur scène, lequel évolue dans une vingtaine de tableaux parcourant son histoire d’amour avec Chloé, ses relations avec Chick et sa propre histoire sentimentale avec Alise, ainsi que Nicolas et Isis.

Ces duos amoureux se révèlent dans un univers sonore et visuel des plus étonnants. Les images numériques projetées sur deux écrans qui enferment le comédien en scène comme dans une cage de verre (préfiguration de l’impression de resserrement de l’espace consécutif à la maladie de Chloé, à ce nénuphar qui grossit, mais aussi à la passion dévorante de Chick pour Jean-Sol Partre) sont d’une beauté époustouflante et l’interaction produite entre le réel et l’imaginaire bluffante. Étonnamment (ou pas) la prouesse numérique permet de retranscrire la part d’atmosphère onirique du texte, une fiction qui ressemble davantage à un conte au surréalisme intrinsèque.

Le roman de 1947 qui ne connut le succès qu’à la fin des années 1960, surprend encore. Et l’adaptation qui est proposée semble accentuer ou exprimer certains de ses aspects, en particulier ceux relatifs à la construction de l’image de la femme, idéale, parfaite, pure. L’esthétique très sexualisée choisie par cette mise en scène se révèle dans le choix même du physique des acteurs à la beauté plastique remarquable (en particulier Chloé) qui peut interroger les jeunes générations surtout attentives au « male gaze ». Même si l’on commence par découvrir Colin nu allongé dès la première image du spectacle, son corps n’est pas du tout érotisé, à la différence de ceux de Chloé et Alise plus tard qui ne sont pas juste posés, mais extrêmement suggestifs.

L’accompagnement sonore est incroyablement orchestré, constitué à la fois de créations en harmonie totale avec certaines abstractions numériques visuelles, de standards de Duke Ellington et de morceaux jazz à la trompette, instrument fétiche joué par Vian lui-même.

À chacun et chacune de se laisser porter ou pas par ce voyage quasi sensoriel qui pourra être prolongé dans les prochains jours par une véritable immersion numérique permettant d’interagir avec l’univers projeté autour du spectateur auquel on promet de devenir 15 minutes durant à son tour un acteur.

 

© Alain Lagarde

 

L’Écume des jours, de Boris Vian

Mise en scène de Julie Desmet Weaver

Avec : Axel Beaumont, Lou De Laâge, Jonathan Genet, Jenna Thiam, Damien Bourletsis

Création lumières : Sébastien Naar

 

Durée 1 h

 

Festival d’Avignon – Off

Jusqu’au 8 juillet à 17 h et 19 h

 

 

Grenier à sel

2 rue du Rempart Saint Lazare

84000 Avignon

www.legrenierasel-avignon.fr

 

 

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