Lectures // Lecture ・ « L’Ombelle du trépassé » de Jean Lambert-Wild / Les Solitaires Intempestifs

Lecture ・ « L’Ombelle du trépassé » de Jean Lambert-Wild / Les Solitaires Intempestifs

Nov 29, 2013 | Aucun commentaire sur Lecture ・ « L’Ombelle du trépassé » de Jean Lambert-Wild / Les Solitaires Intempestifs

ƒƒƒ article Bruno Deslot

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Sous l’Ombelle, le murmure d’un monde souterrain 

Neuf chants et murmures, en breton, introduisent les psalmodies et murmures d’un homme qui nous raconte le monde à mi-chemin entre le céleste et l’oraculaire. L’ombelle fleurissante de la culture celte s’épanouit dans un bouquet de mots d’une puissante poésie.

Jean Lambert-Wild chante un monde celte en regard avec un univers créé de genêts jaunes et de mer sombre, d’épais embruns et de paysages géologiques accidentés aux reliefs gris. Son regard lointain et cosmogonique sur le monde nourrit des ivresses salvatrices pour mieux basculer vers le trou noir où l’on désire plonger son âme. Lecteur impatient, il suffit de fermer les yeux pour se laisser porter par un chant venu de l’au-delà, des murmures, laissant apparaître l’essentiel fragile d’un habillage sémantique puissant et universel, une invitation au voyage, à l’exploration d’une géologie savante dont les strates esquissent la beauté ancestrale de la houle, déroutante et toujours en mouvement. Ce texte s’apparente à un monologue monolithique par la rudesse des paysages qu’il esquisse et l’incroyable richesse des mots taillés comme autant de pierres sacrées qui en font une exception. Mais il est difficile de ne pas penser à Héra, arrachant le sein de la bouche d’Héraclès pour faire jaillir une giclée de lait, cette Voie lactée dans laquelle l’auteur tente de devenir ce qu’il n’est pas. Désir de liberté, refus de la soumission, de l’inféodation, de la vanité « …même opprimé, notre corps restera la victoire d’un bégaiement qui épelant le fuir se met à résister. » Et les murmures des chants s’enchaînent dans un silence sourd, refusant définitivement l’opacité de soi et par la-même, des autres.

L’ouvrage est accompagné d’un CD regroupant des chants bretons recueillis et interprétés par Yann-Fanch Kemener dont la voix si particulière convoque l’humanité dans une apocalypse presque universelle. Sous l’ombelle, le trépassé, dans une quête sans cesse renouvelée, parcourt les chemins de la vie. Créée le 5 octobre 2011 à la Maison de la Poésie à Paris dans une mise en scène de Jean Lambert-Wild et une collaboration musicale de Patrick Portella et Jean-Luc Therminarias, « L’Ombelle du trépassé », interprétée par Yann-Fanch Kemener relevait de la rencontre céleste entre un lieu chargé de magie et un esthétisme transcendant le réel. Vêtu d’une côte de maille, une partie du corps éprouvée par la matérialité tenace d’un roc érodé par le temps, Y.F Kemener libérait la parole de J Lambert-Wild en psalmodiant une partition à la musicalité sacrée,

L’Ombelle du trépassé
De Jean Lambert-Wild
Accompagné de chants bretons recueillis par Yann-Fanch Kemener
Préfacé par Michel Onfray

Editions les Solitaires Intempestifs
1 rue Gay Lussac
25 000 Besançon
HYPERLINK « http://www.solitairesintempestifs.com » www.solitairesintempestifs.com

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