ƒƒƒ Article Dashiell Donello

Les tragédies des Grecs étaient pleines de vie et d’énergie. Les spectateurs, en sortant, pouvaient encore trouver la vie merveilleuse. J’aimerais que mon théâtre aide à vivre. Edward Bond

Les gens est le quatrième volet d’un cycle de cinq pièces, où Edward Bond s’interroge à propos de ce qu’un futur proche pourrait ressembler si les hommes politiques faisaient de la destruction de tout lien social, un vrai projet politique. L’action se passe à la fin du vingt-et-unième siècle sur un terrain vague dégagé. Quatre bannis de leur communauté s’interrogent, au seuil de la mort, sur ce qu’il ont fait.

Lambeth. L’histoire reste la même. Tout le monde se retrouve dedans. D’une façon ou d’une autre.

Les lèvres de Postern embrassent la vase sanglante d’une flaque guerrière. Il surgit d’un trou d’obus, tel un Titan reprenant ses forces sur sa terre maternelle. La saleté de l’exécution maquille celui qui a peut-être tué pour un petit déjeuner ? Ce banni est boutonné dans le manteau d’un civil mort ; il vomit la terre où il a été abattu pour ce vol peu glorieux. Mais il faut être tué dans les règles. Il n’est qu’une blessure. Cela ne compte pas !

La vie de Lambeth est une blessure ; telle la grande faucheuse, elle dépouille les morts et fait commerce de son recel. Elle lit dans les habits et voit la vie des gens à travers les reprises de chemises. Un pull devient l’arme du crime et étouffe celui qui ose survivre encore.

Margerson est perdu à l’intérieur de lui-même. Aliéné par l’histoire d’un novice qu’on entraîne pour qu’il tue. Il est en boucle de son récit traumatisé par l’attaque du camp, où il aurait été un possible gardien. Maintenant le voilà ,vieux cinglé qui radote.

Quelqu’un lui est jeune. Il ne sait pas qui il est. Il s’est trouvé au bord d’une rivière. Ne sachant d’où il venait, ni où il allait. Il veut qu’on lui dise qui il est. Il n’a pas de nom. S’appellerait-il Ken ? Et si c’était le cas, saurait-on ce qu’il a fait ? Les quatre histoires de ces gens n’en font qu’une, tout le monde se retrouve dedans. D’une façon ou d’une autre. Si on savait qui sont les personnages de Bond, on n’y croirait pas, tant la tragédie humaine est une habitude.

Bond croit encore au progrès humain, malgré sa violente imagination prophétique. Ne fait-il pas dire à Postern :  » Je dois avoir de l’espoir quand je serai mort. Il n’y en avait aucun quand je vivais ». Pour ceux qui ne connaîtraient pas Edward Bond, on recommande vivement la lecture de la pièce « Les gens » mais aussi de lire et de voir toute son oeuvre qui est grande.

Les gens de : Edward Bond
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