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Lecture ・ « Les Arrangements » de Pauline Sales, Les Solitaires Intempestifs

Fév 03, 2014 | Aucun commentaire sur Lecture ・ « Les Arrangements » de Pauline Sales, Les Solitaires Intempestifs

ƒ  Article Bruno Deslot

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Une recomposition familiale arrangée bien malgré elle !  

Deux jours, le temps d’un week-end, durant lequel une famille recomposée, se retrouve autour du traditionnel repas, non loin du patriarche à l’agonie.

Figure tutélaire d’une famille désunie, Michel, 80 ans, ancien déporté et romancier célèbre connaît ses dernières heures pendant lesquelles, son entourage proche, se déchire amèrement un héritage fictif, un amour conditionnel, un passé qui ne passe plus ! Un vent d’est souffle sur cette réunion familiale à laquelle Ewa, première épouse de Michel et polonaise, tente d’apporter un peu d’espoir. Son accent slave très prononcé rappelle la douloureuse épreuve de la Seconde Guerre mondiale et avec elle, toute la culpabilité qu’éprouve sa descendance à ce sujet et à d’autres d’ailleurs. Jean, dit Janek, la quarantaine, au tempérament impulsif et souvent trivial, se noie dans l’alcool, sa femme Clara, tente d’apaiser ses excès, mais en vain et surtout lorsque leurs trois filles, Tekla, Elise et Laura mettent les pieds dans le plat, chacune à leur manière. Chaque personnage présente des troubles dépressifs sévères, se débat avec ses propres ressentiments, ses frustrations, ce terrible sentiment d’avoir raté sa vie. Mais comment ne pas se sentir coupable face à l’héritage double et tranchant que laisse le patriarche qui résume, à lui seul, la souffrance et le succès ? Le biographe du romancier « pièce rapportée » à cette troublante généalogie, orchestre le débat avec cynisme et pragmatisme tout en essayant de tirer le bénéfice de cette situation. Mais le malheureux court à sa perte.

Le thème de la famille est récurrent car infiniment théâtral et il n’est pas aisé à traiter. En apparence, la pièce de Pauline Sales amorce une situation qui suscite rapidement la curiosité du lecteur dans la première partie de l’ouvrage, mais dès lors que l’on aborde la deuxième, l’hystérie devient exponentielle et l’auteur additionne des thèmes trop ambitieux en multipliant des répliques, souvent longues et inefficaces. En recourant à une barre oblique, située à la fin des répliques signifiant la rupture volontaire de l’intervention du personnage, ou celle provoquée par un tiers, le rythme s’accélère et donne à l’ensemble de la proposition un climat d’hystérie collective assez lassant. Certes, le chaos resurgit de manière encore plus violente dans la deuxième partie, dès lors que tout semble être sous contrôle, mais cette famille, machine broyeuse d’existences, ne fait pas dans la  nuance. L’indigestion nous guette rapidement et ivre de trop de paroles, nous trinquons vite mais pas à la santé de la pièce. La lassitude s’installe car l’écriture de la pièce est trop systématique et prévisible. Sans doute que l’auteur a voulu traiter trop de sujets à la fois (la Shoah, la critique du libéralisme…) en oubliant de privilégier la concision, ce qui aurait apporté un peu de légèreté à l’ensemble de la partition.

Mais aux grands maux, les grands remèdes et une mise en scène efficace, suffisamment distanciée du texte avec des comédiens réussissant à rendre le malaise palpable en respectant une précision de jeu d’une parfaite exactitude, donnerait à la pièce de Pauline Sales, une tout autre dimension.

 

Les Arrangements
De Pauline Sales

Éditions Les Solitaires Intempestifs 
1 rue Gay-Lussac
25 000 Besançon
www.solitairesintempestifs.com

 

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