Lectures // Lecture. « Quarante jours avec Jean Vilar». Paul Lera. Lansman Éditeur

Lecture. « Quarante jours avec Jean Vilar». Paul Lera. Lansman Éditeur

Déc 15, 2012 | Aucun commentaire sur Lecture. « Quarante jours avec Jean Vilar». Paul Lera. Lansman Éditeur

ƒƒƒ Lecture de Solveig Deschamps

Marseille – Avignon – Venise – 1955 – Lera et la bourse Zellidja

Jean Vilar et sa troupe ont investi depuis 1947 la Cour du Palais des Papes à Avignon. Cet été 55, une tournée est prévue avec Marie Tudor, La Ville, Don Juan mis en scène par le patron, d’abord Marseille dans les jardins du Pharo puis Avignon et enfin Venise sur l’île Saint-Georges. Paul Lera est boursier de la Fondation Zellidja, fondée en 1947 pour «  donner aux jeunes le moyen de compléter leurs études par des connaissances qu’ils n’ont pas acquises dans des  établissements scolaires et n’acquerront pas davantage dans les grandes écoles ou les facultés ». L’association des lauréats de Zellidja, aujourd’hui encore,  continue à proposer des bourses. Les objectifs sont les mêmes :donner la possibilité à des jeunes «  à l’occasion d’un voyage en solitaire mené dans des conditions modestes, d’approfondir un sujet qui leur tient à cœur ». Et ce qui fait battre le cœur de Paul Léra, c’est Vilar et sa troupe, il a vu le Cid à la Lorelei en 1951, alors qu’il fait partie de ce grand rassemblement de jeunes «  désireux de se rencontrer, de commencer à créer ensemble la Grande Europe de leurs rêves ». Jean Rouvet (administrateur de Vilar) est à la tête de ce campement. Le jeune homme effectuera donc un voyage au pays de Vilar, en tant que bénévole.

« Monsieur Rouvet, à Paris, m’avait dit qu’on ne pouvait rien comprendre au théâtre si on ne prenait pas un balai ou une moustache »

Il sera apprenti régisseur, apprenti comédien, et y rencontrera des femmes et hommes de théâtre magnifiques. «  Quarante jours avec Jean Vilar » est son journal de bord : « condensé de l’important rapport remis à la fondation » au terme de son aventure formatrice.

Un petit délice, une petite madeleine théâtrale

Paul Lera nous livre ses impressions, émerveillées et très détaillées, de son aventure. Il nous laisse un témoignage d’une époque incroyable. L’époque du plateau offert aux comédiens. Lera nous permet de pénétrer dans les coulisses du théâtre. On y (re) découvre Vilar et son incroyable capacité de travail, des comédiens connus du grand public (Casarès, Noiret… Gérard Philipe est absent, il tourne « Les grandes manœuvres »)  et on va à la rencontre des autres, moins connus, mais qui font partie de l’Histoire du Théâtre. Il est loin le temps où un administrateur (Jean Rouvet) choisissait de planter sa tente dans le verger d’Urbain V plutôt que d’aller à l’hôtel…

On ne peut s’empêcher de penser que le Festival d’Avignon a perdu son âme et qu’il serait temps qu’il redevienne populaire, que le spectateur redevienne la préoccupation première, sans démagogie…

Et surtout on y découvre Paul Lera (1933-2009). «  Les cahiers de Poésie » c’est lui. Le premier spectacle du festival off en 1962, c’est lui. Le théâtre des deux sources, c’est encore lui.  Lui avec ses camarades de route. Mais dans ce livre, il s’agit bien de lui, de son éveil au théâtre, artiste-artisan.

Et il y a aussi le rire de Maria Casarès, ponctuation joyeuse.

«  Maria Casarès reste muette avec son personnage ; lorsqu’on lui parle en passant, elle rit de son rire extraordinaire, glaçant sous son visage tragiquement maquillé »

Quarante jours avec  Jean Vilar
Marseille – Avignon – Venise – 1955
De Paul Lera
96 pages – Prix 14 euros
Lansman Editeur
63-65, rue Royale
B-7141 Carnières – Morlanwelz (Belgique)
www.lansman.org

Be Sociable, Share!

Répondre

You must be Logged in to post comment.