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Lecture ・ « Médée, poème enragé », Jean-René Lemoine. Les Solitaires Intempestifs

Fév 04, 2014 | Aucun commentaire sur Lecture ・ « Médée, poème enragé », Jean-René Lemoine. Les Solitaires Intempestifs

ƒƒƒ Article Camille Hazard

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« J’avance, fragile, sur les tessons de mon passé. 

La pureté, la perfection du crime.  

Tous mes souvenirs sont atroces. »

Ce monologue de Jean-René Lemoine est un cri de vie et de mort, en même temps qu’une déclaration d’amour aux femmes.

Si dans cette nouvelle version, la colonne vertébrale de l’histoire est respectée, l’auteur va à l’essentiel pour mener progressivement Médée sur le chemin de la folie furieuse.

Le texte, sensuel, nous enivre avec des odeurs d’embruns, d’actes d’amour, de terre, de sang et de sueur. Le style très contemporain de l’écriture tranche avec les réminiscences antiques amenant poésie et onirisme ; des mots comme beauty-case se heurtent aux noms de la Toison d’Or, de Créon, Pélias, Jason… la violence du texte s’exprime toujours avec la plus grande poésie : « …ces hommes m’ouvrent le vagin comme on profane une tombe ». 

Une grande urgence se fait sentir dès le prologue : Médée magicienne raconte à ses amies le récit de sa douleur, des amies qui pourraient tenir un tribunal et juger la Femme Médée « Pas de pardon pour moi, pas de remise de peine.. . ». Pourtant si Médée est coupable des plus innommables crimes, elle n’en reste pas moins la victime d’un homme, Jason. Tous deux, mari et femme, deviennent, sous la plume de Jean-René Lemoine, la figure de proue du couple moderne. La relation fusionnelle qui amène Médée, à abandonner sa famille, sa terre natale, à suivre aveuglément Jason jusqu’à accepter d’être le jouet sexuel d’une bande de mâles en manque de violence et de chair. La pensée du mâle dominant sans scrupule, sans état d’âme, sa bestialité éclatent dans toute sa splendeur et côtoient la naïveté amoureuse de l’ingénue qui croit encore aux mots qu’on lui susurre… Les besoins de protection, d’amour, de fidélité, se brisent contre le mur de l’indépendance et la soif de liberté.

Médée trompée, Médée détruite, Médée humiliée, finit par rentrer dans son pays où des morts l’attendent…

Atlandides, qui précède Médée, poème enragé, est un texte à trois voix, une partition de musique, un récitatif familial composé du père, de la mère et de la fille. Une catastrophe naturelle, la peur de perdre les siens, de se perdre…Les voix s’entremêlent, s’entrechoquent mais ne se comprennent pas. Avec un rythme haletant, Jean-René Lemoine nous parle du temps du monde, de notre temps, de nos battements de cœur, des relations humaines, relations tragiques qui se nichent dans les plus petits plis de la terre.

Médée, poème enragé suivi de Atlantides

De Jean-René Lemoine
Editions Les Solitaires Intempestif
1 rue Gay-Lussac
25 000 Besançon
www.solitairesintempestifs.com

 

 

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