Critiques // Lecture ・ « Journal d’Amérique » de Bertolt Brecht, L’Arche Éditeur

Lecture ・ « Journal d’Amérique » de Bertolt Brecht, L’Arche Éditeur

Oct 21, 2013 | Aucun commentaire sur Lecture ・ « Journal d’Amérique » de Bertolt Brecht, L’Arche Éditeur

ƒ Lecture Dashiell Donello

 

Je marche sur des nuages comme un malade de la moelle épinière

Déchu de sa nationalité allemande en 1935 par les nazis, Bertolt Brecht et sa famille fuient l’Allemagne. Il vit en apatride durant plusieurs années : au Danemark, en Finlande,   en Union Soviétique, et finit par fixer son exil aux Etats-Unis. Sans Grete restée à Moscou pour cause de maladie. C’est dans ces conditions (de 1941 à 1947) que Brecht écrit son Journal d’Amérique.

Brecht Journal

Dès son arrivée aux Etats-Unis, il écrit : « Nous arrivons à San Pedro, le port de Los Angeles. Martha Feuchtwanger et le comédien Alexander Granach viennent nous chercher sur la jetée. Élisabeth Hauptmann nous a fait louer un appartement par une amie. Elle a elle-même un job près de New York ».

Les notes du journal de Brecht, accompagnées d’extraits de presse, donnent l’impression d’une chose en attente. Un provisoire de la création. L’artiste et le politique agissent, en lui, comme deux témoins impitoyables sur l’idéologie génocidaire d’Hitler et sa vie dans une Amérique de tous les possibles. 100 fois par jour, il peut entendre, à la radio, les choeurs qui incitent à l’achat de Coca-Cola. Le paradoxe d’être en guerre et en création l’anéantit, tout comme sa difficile confrontation avec l’industrie du cinéma américain. Bien sûr, Brecht travaille  pour Hollywood, mais sans grand succès, il cherche vainement des productions pour ses pièces.

« La vie ne m’a semblé presque nulle part plus difficile qu’ici, dans cette morgue de l’easy going. La maison est trop jolie, mon métier ici est celui du chercheur d’or, les chanceux dégagent de la boue des pépites grosses comme le poing, dont ensuite il est longtemps question, moi, quand je me déplace, je marche sur des nuages comme un malade de la moelle épinière. C’est comme si on m’avait enlevé le guide juste à l’entrée du désert ».

Ce Journal d’Amérique fait partie des journaux tenus de 1938 à 1955 qui ont paru en 1976 dans une première édition française sous le titre Journal de travail.  Cette nouvelle édition de 2013 vous donnera une image intérieure d’un Brecht citoyen du monde.

Journal d’Amérique
De Bertolt Brecht
Traduit de l’allemand par Philippe Ivernel (trad révisée)

L’ARCHE Éditeur
86, rue Bonaparte 75006 Paris
Téléphone : 01 46 33 46 45
http://www.arche-editeur.com

 

 

 

 

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