ƒƒƒ lecture Solveig Deschamps

La vie, ça tient à quoi ?

À rien ou pas grand chose, à des rencontres encore enfants qui vont nous poursuivre, nous construire, amitié pour la vie, une petite once d’amour qu’on ne dit pas, ou qu’on ne soupçonne pas, amour amitié, le mieux qui puisse nous arriver, les ruptures sont plus rares. « Les drôles » c’est un mille-phrases comme le dit Élizabeth Mazev, 1000 phrases numérotées à déguster comme un mille-feuilles, en ayant soin de s’en mettre partout. C’est l’historique d’une amitié formidable entre une petite fille et un petit garçon. Elle, c’est Lili, autrement dit Élizabeth Mazev (comédienne et auteur) et lui, c’est Olivier Py  (oui, oui notre nouveau directeur du festival d’Avignon).

1 Lili est grosse.

2 Olivier est petit.

Ils se sont rencontrés en primaire à Cannes et ne se sont jamais perdus de vue, ont travaillé et travaillent ensemble, ces deux-là s’aiment, d’un amour qui ne rentre dans aucune case et tout compte fait c’est bien mieux quand ça déborde de partout.

Une écriture simple et qui va à l’essentiel, 1000 haïkus cannois qui sont bien plus drôles que les japonais. Le résumé de deux vies de la primaire jusqu’au mariage, avec les amours et désamours, les morts et les vivants. Comme si Élizabeth Mazev avait tiré l’essentiel de son journal intime. Au début, on peut presque s’imaginer qu’il s’agit d’un texte jeune public et on s’aperçoit assez vite que ça concerne plutôt les ados et que nenni, ça concerne tout le monde même si ça ne concerne qu’eux deux.

522 Lili a une mobylette Chappy que lui a offerte son frère

523 Au bout de soixante dix kilomètres, elle coule une bielle.

524 Quand le réparateur lui donne comme explication « Vous ne l’avez pas rodée, et puiiiis… vous pesez votre poids », elle est drôlement vexée.

Cette pièce a été créée en 1993 au Théâtre de la Bastille avec…. Élizabeth Mazev et Olivier Py. Alors, vous pouvez vous dire que personne d’autre ne pourra s’emparer de ces mille phrases, et bien non, rien d’anecdotique dans cette écriture, seulement des visages que nous pouvons mettre sur les personnages, mais dans cent ans, deux cents ans ? Reste à espérer qu’aucun des deux ne passe à la postérité, quoique, ça serait pas mal… Bon, le plus simple c’est de changer les prénoms. Mais peut-être  que ces deux-là veulent que ça soit  pour eux deux, rien que pour eux deux…

Ils font comme ils veulent, moi je vais simplement me laisser faire avec la bonne humeur et l’émotion qui… j’avais oublié que j’avais eu mon Olivier et qu’on avait failli se marier, il préférait les corps à cœur avec les garçons mais on était amis, ça fait quinze ans qu’il est allé vivre chez les anges, ça c’est pour ceux qui croient.

Les Drôles
Un mille-phrases
De Élizabeth Mazev
Éditions les Solitaires Intempestifs
1 rue Gay-Lussac
25 000 Besançon
www.solitairesintempestifs.com

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