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Lecture • « L’homme qui lit la bible » d’Erri de Luca

Juin 20, 2013 | Aucun commentaire sur Lecture • « L’homme qui lit la bible » d’Erri de Luca

ƒƒƒ Critique Anna Graham

Erri_De_Luca-Trento_Film_Festival© DR

« Celui qui ne rit pas ne peut imaginer le monde » Erri de Luca

Le 9ème festival des Cultures Juives réunit, pendant 15 jours, les pays de la Méditerranée. Voyages dans la littérature, la musique, la danse. Chaque année, Paris découvre une culture juive plurielle, ouverte sur la cité. Du 9 au 24 juin, Paris respire Marseille, la Goulette, se replonge dans Camus, Victor Hugo, Albert Cohen, il y a des chansons en Yiddish, des conférences, des contes, du cinéma, De Sica, Visconti, il y a des documentaires, de la poésie, l’Espagne et l’Italie et les noyaux d’olives de Luca.

À la maison de la poésie, la présence d’Erri de Luca est très attendue. La lecture de l’homme qui lisait la bible se fait à trois voix : l’auteur Erri de Luca, Josyane Savigneau et Shlomo Malka. Les intermèdes musicaux sont exécutés par de très jeunes enfants, très doués, de l’école d’art de la rue de Broca et sous la direction de Sergio Garcia.

L’homme qui lisait la bible a l’accent chantant des Napolitains. D’emblée, il dit « Je ne suis pas croyant, J’achoppe sur la prière, Je ne sais pas m’adresser, Je ne sais pas pardonner, ce qui est un blasphème pour le croyant ». Il continue, avec la vérité qui le caractérise, « Je ne peux admettre d’être pardonné, ce qui me laisse en dehors des croyants ». Il insiste sur la priorité du verbe, il dit que la première urgence est d’écouter, il parle du souffle et de la lumière, de la terre, du travail et du shabbat.

Il se définit comme un Napolitain, c’est-à-dire comme un homme marqué par la géologie. Il se vit comme une puce sur la pente du volcan, a le sentiment d’être de passage face à la violence de la terre. Il a un sentiment d’infériorité face à la beauté des éléments.

Erri de Luca, né en 1950 à Naples, a grandi dans une chambre pleine de livres. Son personnage préféré est Don Quichotte, romancier poète. Il dit, à propos du théâtre, qu’il est un acte majeur de liberté.

Cet amoureux de la montagne (qu’il pratique aujourd’hui plutôt en solitaire) dit qu’il grimpe pour ‘gagner quelques centimètres’ car la tête, à ce moment-là, ajoute-t-il avec cet humour décalé, n’est plus le sommet du corps.

Il prétend appartenir à la 13ème tribu. « Je reste dans le désert, Je n’ai pas de terre promise. Je ne suis pas athée, Je suis un homme qui ne croit pas. » Il revient sur l’histoire des femmes qui ont marqué les Écritures, fait remarquer que, dans les textes sacrés qu’il a longuement étudiés, traduits (il a appris l’araméen), le corps féminin n’est jamais condamné.

Tous les matins, au réveil, cet ancien révolutionnaire devenu ouvrier se sustente dans l’ancien testament : « Je suis un insatisfait du mot espoir, J’essaie de ne pas faire entrer la nostalgie dans mon système nerveux. »

Après la lecture, après l’interview, l’auteur répond aux questions du public… qui a un mal fou à le laisser repartir. 

 

 

L’homme qui lit la bible d’Erri de Luca
Par Erri de Luca, Josyane Savigneau et Shlomo Malka
Lecture rencontre

À la maison de la poésie
157 rue saint Martin 75003 Paris
Lundi 17 juin à 20h
Pour plus d’information sur le festival jusqu’au 24 juin
www.maisondelapoesieparis.com
www.festivaldesculturesjuives.org

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