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Le vaisseau fantôme, musique et livret de Richard Wagner, direction musicale de Hannu Lintu, mise en scène de Willy Decker, Opéra Bastille

Oct 22, 2021 | Commentaires fermés sur Le vaisseau fantôme, musique et livret de Richard Wagner, direction musicale de Hannu Lintu, mise en scène de Willy Decker, Opéra Bastille

 

© Elisa Haberer

 

ƒƒ article de Denis Sanglard

Le vaisseau fantôme (der Fligende Holländer) de Richard Wagner ou la légende du marin maudit, errant sur les mers pour l’éternité, qui ne peut trouver la rédemption que par l’amour et la fidélité d’une femme. Senta, nourrie et obsédée par cette légende, proposée en mariage par son père, Daland, au Hollandais débarqué là par une tempête, et reconnaissant en lui le marin maudit, accepte cette union. Mais le Hollandais surprenant une conversation entre Senta et son fiancé Erik et se croyant trahi par celle qui lui jura fidélité, révèle son terrible secret et reprend le large. Désespérée Senta remplit sa promesse, « Fidèle avec toi jusqu’à la mort », se jette dans la mer. Le Hollandais est sauvé.

Cette mise en scène ne révolutionnera pas le genre. Classique, sobre et sans éclat vraiment. Willy Decker manque un peu d’audace sans doute bridé par ses intentions premières, une vision psychanalytique de cette œuvre. Quelques lourdeurs aussi dans les intentions qui voit par exemple miraculeusement et de façon peu vraisemblable un portrait, celui de Senta, surgir d’une poche comme par miracle et être présenté au Hollandais. Un plateau incliné, au lointain un gigantesque tableau, une marine où la mer semble déchaînée (sur laquelle en surimpression surgira le bateau du hollandais dépité et larguant les amarres), à jardin une porte et l’océan, la scénographie est certes efficace mais l’unité de lieu oblige à de certaines invraisemblance et limite même les intentions possibles tant il y a foule parfois dans cette pièce. Pas de bateau, pas de quai, sinon la symbolique de trois immenses cordages tirés par l’équipage de Daland de la porte au plateau. Cordes épaisses sur lesquelles s’appuiera le Hollandais, prisonnier de sa condition, l’image est là un peu télégraphiée. Plus tard, une voile rouge dans l’entrebâillement de la porte, pour le navire du Hollandais. Une direction d’acteur malheureusement un peu empesé que sauve heureusement le chant. Ricarda Merbeth est vocalement une Senta impressionnante, voix puissante et grande projection, belle expressivité, parfois un peu forcée, qui la voit sur la fin proche de la folie. Mais une théâtralité sans éclat, sèche, un jeu conventionnel et peu naturel, voire raide. Et comme pour Tosca qui depuis un certain temps ne se jette plus des remparts du château Saint-Ange, Senta ici se poignarde évitant la noyade… curieuse idée. Le baryton basse Tomasz Konieczny, Der Holländer, en impose par sa voix profonde et un jeu tout en retenu, sobre, mais une forte et magnétique présence. La basse Günther Groissböck de même, mais reste lui aussi dans un jeu conventionnel qui frise le cliché du genre. Michael Weinius, ténor, est parfait dans le rôle de l’amant éconduit Erick et offre à son personnage sacrifié une belle humanité. Et puis il y le pilote du ténor Thomas Atkins, sans doute la révélation de cet opéra. Rôle court mais qui laisse une très belle impression tant vocale que dans son jeu. Sans doute la révélation de cette production.  Reste le chœur de l’Opéra de Paris, dirigé par Ching-Lien Wu de Paris qui offre encore une fois la mesure, parfois hors-mesure mais passons, de son talent et de son énergie. Le vrai capitaine de cette soirée, qui a sans doute maintenu à flot cette mise en scène, fut le chef Hannu Lintu. Sous sa baguette l’orchestre est tout à tour une mer démontée, un orage lâchant sa foudre. Il y a de la houle, du sac et du ressac, de belles accalmies aussi. C’est romantique et héroïque, du Wagner dans son ampleur comme on en rêve. Si cette mise en scène ne nous hantera pas plus que ça, la rédemption de cette production est bien venue de la fosse et, malgré quelques réserves, du casting vocal.

 

© Elisa Haberer

 

Le vaisseau fantôme musique et livret de Richard Wagner

Direction musicale Hannu Lintu

Mise en scène Willy Decker

Décors, costumes Wolfgang Gussmann

Lumières Hans Toelstede

Cheffe des chœurs Ching-Lien Wu

Orchestre et chœurs de l’Opéra de Paris

Avec Tomasz Konieczny, Günther Groissböck, Ricarda Merbeth, Michael Weinius, Agnes Zwierko, Thomas Atkins

 

12, 17, 22, 25, 28, 31 octobre 2021

3, 6 novembre 2021

 

Opéra Bastille

Place de la Bastille

75012 Paris

Réservations 08 92 89 90 90

www.operadeparis.fr

 

 

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