ƒƒ article de Denis Sanglard
Christian Rizzo transforme le plateau de Chaillot en clubbing. Hymne, hommage au dancefloor, aux danseurs anonymes qui inventent chaque soir une façon d’être au monde sous les lumières des stroboscopes et les rythmes syncopés new-wave post-punk et du disco. Deux façons d’appréhender la danse que Christian Rizzo fusionne, entre violence et sensualité… Hommage aussi à Ian Curtis, leader épileptique et suicidé du groupe Joy Division. Pas de nostalgie pour autant. Une réinvention dynamique en forme de questionnement sur ce qui nous lie, là, sur un parquet de club à nous déhancher jusqu’au manque de souffle, ensemble et solitaire tout à la fois. Une interrogation sur le geste, le corps qui définit chacun d’entre nous, notre rapport intime à la danse. Et aux autres, au monde. Une danse ouverte, anonyme, écriture chorégraphique sauvage, inventive, aux variations multiples et communes tout à la fois. Autant de danses que de danseurs mais un lien ténu, immarcescible, entre chacun, comme un rhizome qui nourrirait l’ensemble, donnant une énergie unique, une impulsion commune sur un rythme commun, battement de cœur électro-pop. Et c’est cette énergie collective, explosive voire sexuelle que capte Christian Rizzo. Reprenant les motifs récurrents de ces danses, il les décompose, les recompose, les mixe, en fait matière chorégraphique, un ballet contemporain. Surtout a contrario de l’espace du club souvent étroit et qui oblige à la promiscuité, volontaire ou non, au point fixe, l’utilisation du vaste plateau –en cela il y a comme une étrange ambiance de fin de nuit ou erreraient d’irréductibles et derniers danseurs mélancoliques et obtus refusant que s’arrête la nuit- libère le geste et les corps, leurs offre une ampleur inattendue. Jusqu’au rythme lui-même sensiblement ralenti, distordu. Un groove singulier, en apnée. Et Christian Rizzo en vague successive alterne l’impensable en club, la danse étant en ces lieux un exercice de solitude : la rencontre. Du point fixe, de l’ancrage solitaire, insensiblement naissent duo, trio, quatuor, d’étranges et incongrus madison parfois, des slows même comme autant de refuges dans cette perte de soi volontaire par ce groove déchaîné. C’est cette énergie-là donc que Christian Rizzo chorégraphie avec bonheur, cette déambulation hypnotique, cette parade égotique propre aux clubbers, danseurs anonymes qui ont nourri la danse de Christian Rizzo.
Le Syndrome Ian
Chorégraphie, scénographie, costumes, objets lumineux Christian Rizzo
Lumière Caty Olive
Musique Pénelope Michel et Nicolas Devos (Cercueil / Puce Moment)
Assistanat artistique Sophie Laly
Costumes Laurence Alquier
Direction Technique Thierry Cabrera
Régie Générale Marc Coudrais
Régie de scène Jean-Christophe MinartAvec Miguel Garcia Llorens, Pep Guarrigues, Kerem Gelebek, Julie Guibert, Hanna Hedman, Filipe Lourenco, Maya Masse, Antoine Roux-Briffaud, Vania Vanneau et Arnaud Duprat (figuration)
Du 26 au 28 avril 2017 à 19h30
Théâtre National de Chaillot
1 place du Trocadéro – 75016 Paris
M° Trocadéro
Réservations 01 53 65 30 00
www.theatre-chaillot.fr
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