À l'affiche, Critiques // Le Sourire d’Audrey Hepburn, écrit par Clémence Boulouque mise en scène Jérôme Kircher au Théâtre de l’œuvre

Le Sourire d’Audrey Hepburn, écrit par Clémence Boulouque mise en scène Jérôme Kircher au Théâtre de l’œuvre

Nov 14, 2016 | Commentaires fermés sur Le Sourire d’Audrey Hepburn, écrit par Clémence Boulouque mise en scène Jérôme Kircher au Théâtre de l’œuvre

Article de Victoria Fourel

isabelle-carre-vi

© Richard Schroeder

Une jeune femme retrouve son père après 25 ans d’une lourde absence. Un père qui a quitté sa famille pendant la guerre et pour le fascisme. Comprendre, se parler, retrouver ses souvenirs et sensations de petite fille, auprès de celui qu’elle n’a jamais revu. Une vocation contrariée de danseuse, la survie, sa carrière et son sentiment d’imposture. Cette femme, c’est Audrey Hepburn.

Entre la tranche de vie et la biographie, on est vraiment curieux de découvrir une part inconnue de la vie d’une icône, part intime et qui dévoile la fragilité enfantine d’une femme publique, affirmée. Cette adaptation du roman de Clémence Boulouque ne résiste pas très bien au passage au plateau. De l’écrit au seul en scène, la forme manque d’oralité, de fluidité. Ce qui pourrait rendre avec justesse la solitude d’Audrey face à son père est trop écrit, et, petit travers de la langue française, alourdi. Le regard, le lieu, la chronologie ne sont pas très nets. Et malgré quelques belles formules et ruptures, on a du mal à dépasser la simple narration.

Le beau décor, qui rend toute petite la figure de la jeune femme donne lieu à un brin de mystère agréable : derrière les portes, son mari, son père ? Mais en posant un grand fauteuil au centre du plateau et en ne proposant rien en dehors de son joug, on empêche l’emportement, la vraie fragilité, ou ne serait-ce que l’invention. Bien que le personnage créé autour d’Audrey Hepburn soit clairement fragile, pleine de ressentiment, et de retour dans le corps de l’adolescente qu’elle était, on aimerait voyager à travers les souvenirs de la femme et de l’actrice, son entrée dans le métier, sa survie miraculeuse pendant la guerre, son envie de comprendre, son sens de l’humour, aussi. Isabelle Carré, technique et en pleine tenue est performante, mais ne nous parvient pas complètement. Problème d’adresse, dans ce monologue qui n’en est pas vraiment un. On ne l’intercepte pas vraiment, – comme ses émotions -, qui peine à broder autour de ce fauteuil. Même au moment où, les yeux dans le vague, elle esquisse avec ses bras quelques pas de danse d’une autre époque, où le ballet était son seul désir, ce n’est pas fort, ce n’est pas assumé, ou fantaisiste.

Ce texte qui peine à sortir des pages auxquelles il était consigné aurait peut-être au contraire mérité de vraies idées de mise en scène empreintes de fragilité, oui, mais aussi d’imaginaire, de fantaisie. Les quelques notes de musique, le jeu installé et les émotions égrainées les unes après les autres ne suffisent pas à nous emmener jusqu’à 1964, jusqu’à Audrey.

 
Le Sourire d’Audrey Hepburn
De Clémence Boulouque
Mise en scène Jérôme Kircher

Avec Isabelle Carré

Du 2 novembre 2016 au 8 janvier 2017 à 19h du mercredi au samedi, et à 18h le dimanche.

Théâtre de l’Oeuvre
55 rue de Clichy 75009 Paris
Métro Place de Clichy (lignes 2 et 13
Réservation 01 44 53 88 88
www.theatredeloeuvre.com

Be Sociable, Share!

comment closed