À l'affiche, Critiques // Le NoShow, création collective de Nous Sommes Ici et du Théâtre DuBunker, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

Le NoShow, création collective de Nous Sommes Ici et du Théâtre DuBunker, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

Juil 12, 2017 | Commentaires fermés sur Le NoShow, création collective de Nous Sommes Ici et du Théâtre DuBunker, au 11. Gilgamesh Belleville, Festival d’Avignon Off

© David Ospina

ƒƒƒ article de Jean Hostache

« Hot-dog, Chien-chaud, No-show », voilà comment, à la criée, nous accueillent les comédiens du NoShow à l’accent québécois pétillant et lumineux. Après une courte introduction dans le hall du théâtre on nous dirige vers des isoloirs, où nous devront fixer, selon notre bon vouloir, les tarifs à payer pour assister au spectacle allant de la gratuité dominicale de la messe à une place dans un grand opéra.

Suite à cela, les sept comédiens nous font rentrer avec chaleur et collégialité dans la salle, jusqu’à ce que les chiffres de la billetterie tombent. Après une révision budgétaire minutieuse, où ils nous dévoilent les coulisses de la production et de la billetterie, ces derniers nous expliquent qu’avec l’argent amassé ils ne pourront payer que trois comédiens au juste prix et donc ne pas pouvoir jouer le spectacle dans son entièreté. Afin d’être le plus égalitaire, et d’élire les trois interprètes qui pourront ce soir-même recevoir leur salaire, ils décident de s’isoler devant une caméra, et ont vingt secondes montre en main pour nous convaincre de les choisir par le biais d’une vidéo qui nous est retransmise en direct. Il est alors intéressant de se pencher sur les multiples façons qu’ils ont de « draguer » leur électorat, nous rappelant avec amertume les stratégies politiques et les ébats de cette année en France. Certains utiliseront l’arme de l’humour, d’autres de la pitié, ou encore se concentreront sur une communauté bien spécifique de spectateur afin d’obtenir leur voix. Vient ensuite le moment du vote par texto, ou nous aurons deux minutes afin d’élire les grands gagnants qui auront l’honneur de rester sur la scène. Une fois le verdict tombé, les autres quitteront le plateau, mais n’auront pas dit leur dernier mot. Très vite, à l’aide de cette même caméra jouant avec le hors champs, nous comprenons que les comédiens ont installé un piquet de grève dans la rue devant le théâtre et, haranguant les passants festivaliers, ne quitteront pas les lieux sans protester de vive voix.

Tous les rouages de l’économie culturelle sont ici décortiqués par ce joyeux collectif québécois, et nous mets face à une réalité dérangeante et intranquille, qui pourtant représente l’urgence de notre civilisation moderne et de nos politiques capitalistes. Un discours qui transpire l’actualité, et qui vient parler d’une manière sensible du statut de l’artiste dans la société contemporaine. Tous ces comédiens témoignent d’ailleurs, au travers d’anecdotes, du choix délicat et du parcours tortueux qu’était celui de devenir acteur.

Bien d’autres surprises et coups de théâtre vous attendent en allant voir le No-Show, dont le bouquet final, qui vaut bien des applaudissements, et que nous ne vous dévoilerons pas, afin de vous y laisser mordre à pleine dents et savourer l’insolence irrévérencieuse de ce spectacle d’une qualité rare.

 

Le No-Show

Idée originale et mise en scène  Alexandre Fecteau
Texte  François Bernier, Alexandre Fecteau, Hubert Lemire, Maxime Robin avec la collaboration des acteurs
Conception vidéo  Marilyn Laflamme
Conception sonore et régie générale  Olivier Gaudet-Savard
Conception des lumières, direction technique et régie de plateau  Renaud Pettigrew
Avec  François Bernier, Véronique Chaumont, Hubert Lemire, Annabelle Pelletier-Legros, Ève Pressault, Sophie Thibeault, Jean-Michel Girouard en alternance avec Julien Storini

Du 6 au 28 juillet 2017 à 23h (relâche le 18 juillet)

11. Gilgamesh Belleville
11 boulevard Raspail, 84000 Avignon
Réservation au 04 90 89 82 63

www.11avignon.com

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