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Le Misanthrope ou la conquête du courage, d’après Le Misanthrope de Molière et autres textes, mise en scène Maxime Chazalet, Théâtre de La Villette

Fév 28, 2020 | Commentaires fermés sur Le Misanthrope ou la conquête du courage, d’après Le Misanthrope de Molière et autres textes, mise en scène Maxime Chazalet, Théâtre de La Villette

 

© DR

 

 

ƒƒ Article de Garance

Le Misanthrope ou la conquête du couragede son titre originel Le misanthrope ou l’atrabilaire amoureux pièce du répertoire classique et grand favori des metteurs en scène pour son thème atemporel. Molière y brosse le portrait d’Alceste, jeune homme antipathique, révolté par une humanité désincarnée et hypocrite. Malgré cela, Alceste tombe éperdument amoureux de Célimène, jeune veuve calomnieuse qui se joue de ses amants. Les événements tourneront sans cesse en défaveur de l’instigateur, soulignant d’avantage le mépris de ce dernier. Dans une énergie du désespoir Alceste avouera son amour, et malgré les fourberies de Célimène, la demandera en mariage, et cependant se retrouvera dans une solitude des plus totales.

Maxime Chazalet a pour ambition de confronter le texte à nous contemporains, avec nos propres tares sociologiques caractéristiques de notre époque. Avec ce parallèle le but étant de nous questionner davantage sur nos rapports aux autres et les tentatives de commodités qui en découlent. Pour ce faire la pièce est parsemée d’autres textes de Musset, Pasolini ou Hölderlin.

La mise en scène dévoile de nouveaux aspects du texte. En effet, l’espace aseptisé et désaxé démontre et accentue l’image d’une génération vidée, asséchée d’empathie et d’humanisme. Les comédiens jouent de façon désincarnée (les déplacements se font de façon impulsive, les gestes sont mécanisés, la parole se fait plate, dans un rapport intentionnellement dialectique). Le jeu se fait comme postiche conventionnel qu’on colle sur le visage et le corps du comédien. Le pilier émotionnel reste Alceste, autour duquel gravitent ces petits robots qui bientôt lui feront perdre la tête. Attention toutefois à la nervosité avec laquelle le texte est pris en charge, sous peine qu’il paraisse moralisateur. Ainsi ses figures désincarnées, le ton solennel et la prosodie des vers de Molière exercent une pression semblable à celle d’un procès. Le silence soutenu renforce cette image. La scénographie vient s’ajouter à cette ambiance d’audience, un podium, une toile tendue et le jeu de lumière mais surtout d’ombre confirment cette envie d’exposer la noirceur de chaque personnage. L’intelligence se fait dans les rapports directs entre comédiens « doux et à l’écoute les uns des autres » permettant de casser immédiatement un semblant de reflux manichéen, donnant ainsi la chance à chaque personnage de s’exprimer sans jugement du public. Chaque comédien est en permanence présent sur scène et c’est l’écoute de ces derniers qui donne force et caractère à la représentation (nous sommes tenté.es de regarder les comédiens et leurs manières à chacun si particulière de recevoir la pièce et les thèmes qui la traversent).

Les voix se superposent, les textes se mélangent – tout s’imbrique et se croise en une injustice totale et complice – nous avons à faire à un théâtre audacieux (avec des interprètes principalement féminines) mais qui aurait encore besoin de se radicaliser dans les propositions et s’assumer pleinement.

 

 

Le Misanthrope ou la conquête du courage, de Molière

Mise en scène Maxime Chazalet

Création Lumières Louise Brinon

Régie Sarah Marcotte

Avec Louise Brinon, Lili Dupuis, Hugo Eymard, Raphaëlle Grélin, Camille Duquesne et Justin Jaricot

 

 

Du 25 au 29 Février 2020

Durée 1 h 50

 

 

 

Théâtre de La Villette

211 Avenue Jean Jaurès

75019 Paris

Réservation 01 40 03 75 75

www.lavillette.com

 

 

 

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