À l'affiche, Critiques // Le Méridien, d’après Paul Celan, de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène Eric Didry, Théâtre du Rond-Point

Le Méridien, d’après Paul Celan, de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène Eric Didry, Théâtre du Rond-Point

Avr 07, 2018 | Commentaires fermés sur Le Méridien, d’après Paul Celan, de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène Eric Didry, Théâtre du Rond-Point

© Jean-Louis Fernandez

Article de Nicolas Brizault

Est-ce possible ? Oui, et il s’agit même d’une reprise. Le Méridien, d’après un texte de Paul Celan, très bon auteur qui écrivit ce texte pour son discours de réception au prix Georg Büchner en 1960, fait partie ici d’une trilogie créée par Nicolas Bouchaud et mise en scène par Éric Didry. On est prévenu très tôt par le premier qu’on aurait tendance généralement à s’agripper aux textes quand on venait au théâtre et que s’était vilain de ne pas se plonger directement dans la compréhension de ceux-ci. Tout le monde sourit et attend. Et la formule 1 massacrante débute, trop similaire à Un métier idéal, et faisant partie aussi d’une trilogie surprenante. Le Méridien reprend la même idée, la même essence de décor, rien à craindre. La surprise est très mauvaise pourtant. Le rythme et la vie, l’intérêt disparaissent ici. Comment est La loi du Marcheur ?

On cherche à mettre en avant le talent de Celan et c’est raté. Nicolas Bouchaud a écrit au sujet de la naissance de ce spectacle que « Celan invente cette expression « de tournant du souffle » pour qualifier le poème. Ce moment intermédiaire où le flux respiratoire s’inverse et repart dans l’autre sens. » Sans aucun doute mais ici le souffle a tourné tout court. Mille fois hélas. Pour Bouchaud, « C’est par la respiration que nous comprennons une texte », justement, ici la compréhension est fusillée, morte et enterrée.  Le travail de Celan n’est absolument pas remis en cause, mais la présentation de Bouchaud et Didry, allez savoir. La force de la poésie est existante, oui, mais ici disparait, remuée dans un ton inchangeant, et soutenue par le remue-ménage de Bouchaud. Mieux vaut aller lire ou relire Celan et lui donner un rythme correct, évitant l’ennui, l’effet noyade.

En plein milieu du Méridien l’espoir reprend, on se dit que oui, un peu de mouvement vivant arrive, de l’espace, que les ondulations ne seront pas autoritaires, qu’un rythme-bouée est là, et pourquoi pas un peu de beauté oui, la force de la poésie est là, que nous allons être honteux, et joyeux enfin, la force est là, jetée en l’air !! Et la farine retombe toujours au sol, c’est bien connu, voir naturel. Eh bien non, les courses reprennent, la rapidité écrasante, la noyade n’est plus un effet mais une bien triste réalité.

 

Le Méridien, d’après Paul Celan

De et avec Nicolas Bouchaud

Mise en scène  Eric Didry

Traduction  Jean Launay
Traduction additionnelle  Irène Bonnaud, Jean-Pierre Lefebvre, Martine Broda, Valérie Briet
Adaptation  Nicolas Bouchaud, Eric Didry, Véronique Timsit
Collaboration artistique  Véronique Timsit
Lumière  Philippe Berthomé
Scénographie  Élise Capdenat
Musique (chants juifs)  Sonia Wieder Atherton
Son  Manuel Coursin
Régie générale  Ronan Cahoreau-Gallier

Du mardi au samedi, 21h, dimanche 15h30, relâche le 9 avril
Durée 1h10

Théâtre du Rond-Point
Salle Jean Tardieu
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008 Paris

Réservation 01 44 95 98 00
http://www.theatredurondpoint.fr

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