À l'affiche, Critiques // Le Grand Vivant, chorégraphie et mise en scène de Thierry Thieû Niang, à la Ménagerie de Verre, Festival Etrange Cargo

Le Grand Vivant, chorégraphie et mise en scène de Thierry Thieû Niang, à la Ménagerie de Verre, Festival Etrange Cargo

Avr 01, 2016 | Commentaires fermés sur Le Grand Vivant, chorégraphie et mise en scène de Thierry Thieû Niang, à la Ménagerie de Verre, Festival Etrange Cargo

ƒ article de Denis sanglard

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© Vanessa Ceroni

Un vieil orme menacé par un cyclone et tout un univers bascule soudain fragilisé par cette tempête. Cet orme, c’est le confident du narrateur. C’est le refuge du bakou, l’avaleur de rêve. Cet orme tremblant sous les bourrasques contient les fantômes du narrateur, ceux qui le hantent, dont le grand-père tant aimé pour qui l’agonie fut longue. Avec la menace qui pèse sur cet arbre surgit soudain la peur, les terreurs enfouies, la question de la mort, la culpabilité de ne pas avoir su accompagner l’aïeul dans son dernier voyage. Cet orme qui se substitue au vieil homme devient l’arbre de la résilience, du pardon et de la réconciliation. L’âme se tourmente, la tempête saisit le narrateur. C’est un voyage intérieur qui commence… Le cyclone passé l’arbre a résisté, quelques branches rompues comme ossuaire témoigne de la violence des vents. Le vieil orme a pardonné. Le deuil est fait.

Sur le plateau nu ils sont deux. Le narrateur, Vincent Dissez, au pupitre et dans l’ombre qui semble veiller, le danseur Thierry Thieû Nang. La voix porte avec justesse les mots, la poésie de Patrick Autréaux. N’appuie jamais. Aucun effet. Juste la réverbération des mots. Et comme les feuilles arrachées à l’arbre les feuillets du texte bientôt jonchent le sol. Thierry Thieû Nang parfois se lève et danse alors. Il est l’arbre et la tempête, l’âme ébranlée du narrateur, le fantôme du vieil homme. Mouvements classiques, rapides ou ralentis, suspendus parfois, à l’écoute. Tentative d’illustrer la partition, les états intérieurs de celui qui raconte ses terreurs. Mais jamais ces deux là ne se rencontrent totalement. Et même si cette création ne manque pas de charme et de poésie on reste un peu sur sa faim… Quelque chose ne fonctionne pas tout à fait. C’est comme si deux partitions se juxtaposaient sans jamais réellement communiquer. Sauf une seule fois qui par sa soudaineté et imprévisibilité lui donne toute sa force et rend cet instant précieux… Une fois donc, une seule et c’est bouleversant, l’un des rare moment d’émotion, quand le narrateur, yeux clos, se laisse porter, guider, happer par son compagnon de plateau. Une confiance aveugle et totale. Un beau geste. On l’attendait cette rencontre qui nous semble bien trop fugace. Mais ni la chorégraphie, ni le texte n’arrive tout à fait à se joindre. Il n’y pas d’équilibre, ou si ténu, si fragile, entre ces deux formes d’expression. La danse ne supplée pas le texte et reste cantonnée dans l’illustration, plate, comme éjectée en périphérie du récit. Pas de point de bascule sauf encore une fois quand les deux, mains dans la main et en confiance, traversent le plateau à vive allure. Où les morts semblent guider les vivants aveuglés, l’orme l’enfant, le vieillard l’adulte. Bref il y a une certaine frustration à voir un frottement entre deux disciplines qui se juxtaposent plus qu’elles ne se rencontrent. Reste la découverte d’un texte poétique qui sait épouser avec un certain talent les méandres d’une conscience tourmentée…

 

Le Grand Vivant de Patrick Autréaux- éditions Verdier
Lecture, Vincent Dissez
Chorégraphie, Thierry Thieû Niang
Son, lumière, Jimmy Boury
Ménagerie de Verre
12/14 rue Léchevin
75011 Paris
les 25 & 26 mars 2016 à 20h30

Festival Etrange Cargo
du 15 mars au 09 avril 2016
du 29 au 30 mars Ruin Porn Guillaume Marie, Igor Dobricic, KK Kull
du 31 au 2 avril Sans Titre (2000) Boris Charmatz, Frank Willens
du 5 au 7 avril Postérieur(s) (le futur n’existe pas mais des futurs insistent) Pauline Simon
du 8 au 9 avril La réplique Robert Cantarella
réservations: 01 43 38 33 44
www.managerie-de-verre.org

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