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Le cycle de l’absurde, mise en scène de Raphaëlle Boitel, 32ème promotion du CNAC, Grand Halle de la Villette

Juil 29, 2021 | Commentaires fermés sur Le cycle de l’absurde, mise en scène de Raphaëlle Boitel, 32ème promotion du CNAC, Grand Halle de la Villette

 

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

S’il est une image qui peut résumer Le cycle de l’absurde, titre donné à la 32ème promotion du Centre National du Cirque, c’est sans doute celle du spider, où le sangliste effectue des figures mais reste dépendant de ceux qui manipulent les fils et le tirent vers le haut. Ensemble et séparément, simulis et singulis… Une interdépendance comme une métaphore d’un monde où l’altruisme, l’interconnexion, le lien social se doivent d’être pour la survie de l’individu. Comme une réponse à notre époque troublée qui voit devant un virus l’individualisme tristement prendre le pas. Raphaëlle Boitel met en scène ces jeunes circassiens, jouant du collectif propre au théâtre mais en respectant l’individualité artistique de chacun. Le résultat est tout simplement bluffant et d’une beauté crépusculaire flamboyante. Et ce qui est formidable c’est bien ce dépassement de la technique et de sa maîtrise pour faire sens, tout simplement, pour une réflexion sur la condition humaine, son absurdité qui oblige bientôt à dépasser les conflits pour une solidarité sans faille. Que s’exprime la révolte de Vassiliki Rossillion sur sa corde volante, numéro qui laissa le public impressionné et muet de terreur, qu’amplifiait dans le silence soudain advenu la respiration rauque et les cris de rage de l’acrobate se jouant du vertige provoqué, où le jeu mutin de séduction de Fleuriane Cornet en équilibre sur son vélo, la poésie lunaire de Giuseppe Germini sur son fil, longue figure pâle et bras aux étranges inclinaisons, ou encore le désespoir suicidaire et clownesque d’Erwan Tarlet, aux sangles pour un envol final d’une puissance artistique phénoménale qui rassemble soudain une communauté enfin apaisée. Il faudrait les citer tous, vraiment.  Tant leur talent explose. Raphaëlle Boitel n’enfile pas les numéros les uns derrières les autres mais crée une véritable dynamique, une synergie où les disciplines se croisent et se répondent.  Comme cet instant étrangement suspendu, alors qu’au sol voltigent les voltigeurs dans les bras de leurs porteurs, que danse l’acrobate, corde lisse, trapèzes fixe et de Washington, fildefériste et sangliste, chacun à leur hauteur, exécutent dans l’espace une étrange chorégraphie en apesanteur. Il existe un lien ténu mais solide entre chacun des artistes qui toujours les relie. Ça grouille parfois, s’engueule, se heurte, se cherche, se drague, se pose, s’apaise, s’entraide… Jamais loin les uns des autres au final dans un rapport qui épouse les humeurs changeantes de chacun. C’est une humanité en marche, dans ses pleins et ses déliés, le pire et le meilleur, qui se retrouve sur cette piste devenue le temps d’un soir le centre du monde. Et les images offertes, baignées d’une lumière entre chien et loup, laquelle a son importance, où les agrès sont bien plus que des agrès, les portés bien plus que des portés, où l’équilibre et le déséquilibre prennent tout soudain une gravité insoupçonnée, vous happent, vous taclent et ne vous lâchent plus. Nous sommes fascinés autant par la maîtrise ébouriffante de leur discipline, que cette volonté affichée de la transcender jusque dans l’épure pour leur donner poésie et sens critique sur le monde comme il va, aussi absurde soit-il.

 

© Christophe Raynaud de Lage

 

 

Le Cycle de l’absurde mise en scène de Raphaëlle Boitel

Collaboration artistique, scénographie, lumière et conception du spider : Tristan Baudoin

Musique originale : Arthur Bison

Assistante à la chorégraphie : Alba Faivre

Machinerie, complice de la scénographie : Nicolas Lourdelle

Costumes : Romane Cassard et Lilou Hérin

Création sonore : Nicolas Gardel

Construction et agrès au CNAC : Eric Michel

Régie générale : Julien Mugica

Régie plateau : Jacques Girier

Régie lumière : Laura Molitor

Régie son : Maxime Farout

 

Avec : Tia Balacey (acrodanse), Andrés Matéo Castelblanco Suarez (Trapèze Washington), Aris Colangelo (Acrobatie), Fleuriane Cornet (Equilibre sur vélo), Alberto Diaz Gutierrez (Trapèze fixe), Pablo Fraile Ruiz (Corde lisse), Marin Garnier (Portés acrobatiques-porteur), Giuseppe Germini (Fil), Cannelle Maire (Roue allemande), Maria Jesus Penjean Puig (Portés acrobatiques-voltigeuse), Mohamed Rarhib (Sangles), Vassiliki Rossillion (Corde volante), Ricardo Serrao Mendes (Jonglerie), Erwan Tarlet (Sangles)

 

Du 21 au 31 juillet 2020 à 20 h

 

Grande Halle de la Villette

211 avenue Jean Jaurès

75019 Paris

Réservations 01 40 03 75 75

www.lavillette.com

 

 

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