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Le Côté de Guermantes, d’après Marcel Proust, adaptation et mise en scène Christophe Honoré, à la Comédie-Française

Oct 05, 2020 | Commentaires fermés sur Le Côté de Guermantes, d’après Marcel Proust, adaptation et mise en scène Christophe Honoré, à la Comédie-Française

 

© Jean-Louis Fernandez

ƒƒƒ article de Nicolas Brizault

Proust à la Comédie-Française. Donc par quoi débuter ? Un travail pas évident quoi qu’il en soit, mené par Christophe Honoré. Il serait tentant de s’arrêter là en ajoutant joyeusement « allez-y ! » Élan un peu trop facile et sans doute pas à sa place ici. Donc Le Côté de Guermantes, d’après Marcel Proust, mis en scène par Christophe Honoré, vient tout juste de débuter et vraiment, oui, est surprenant, étonnant, drôle ici ou là, échos de Proust, joie d’y retrouver tout ce qu’on connaît de lui ou bien saine envie d’enfin le découvrir, en effaçant la peur qu’on a parfois de se lancer dans sa lecture.

Pour Le Côté de Guermantes, malgré quelques fauteuils abandonnés ici ou là, ce qui en ressort actuellement au Théâtre Marigny est efficace : une porte ouverte sur les Champs-Élysées, vraiment, on sent l’air frais de début octobre. Du Cat Stevens, un champ de bataille, les grands salons et les mondanités pas très loin, rebondissant sur l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme transformé en confetti. Il faudrait des heures pour évoquer les surprises, les joies et les menaces présentées là. Contentons-nous d’évoquer l’énergie fine qui nous est offerte (sur un plateau évidemment…) l’essence de Proust. Avec Stéphane Varupenne, un narrateur/Proust en pleine forme, costaud et blond, comme il ne faudrait pas, une des libertés brillantes de cette soirée. Un preneur de son sur scène, la danse superbe ici ou là, les chaussures noires de la Duchesse Oriane de Guermantes bien entendu. Des moments futiles, des moments terribles, du beau, du sale, du veule et du splendide.

Le Côté de Guermantes expose un milieu, une époque, des idées, oui, oui, un amour timide qui se noie, la douleur d’un décès, celui de la grand-mère de Proust. Agonie lente, terrible, que l’on voie sur un écran. On trouve d’ailleurs mille raisons à cette idée d’éloignement de ce décès, force évidente, etc. La Marquise de Villeparisis, pardon, Dominique Blanc, nous explique tout lors d’une interview très récente sur France Culture. Claude Mathieu, qui devait tenir ce rôle, s’est cassé le pied quelques jours avant la première et ne pouvait monter sur scène. Une idée SOS de Christophe Honoré fait utiliser un petit film monté cet été avec quelques membres de l’équipe. Le résultat est époustouflant et plonge la salle dans le silence.

Partout ailleurs, tout du long du spectacle, se diffuse comme un plaisir intense de toutes et tous, comédiens et comédiennes du Français. Impression peut-être, jaillissant de tous ces espaces mêlant des « avant » à des « ici », des « juste là » légers et présents, des strates visibles ou invisibles. Oui, de quoi se plonger dans Le Côté de Guermantes, champagne, soie et lilas, homosexualité discrète ou antisémitisme boueux que Proust rencontrait si souvent, que nous croisons tout autant aujourd’hui. Les thèmes sont parfois si présents, les sujets semblent, sont si « actuels. » Hélas, ou oui bien sûr.

L’image qui reste en sortant de ce spectacle ? L’impression de sortir d’un dîner dans un beau quartier, de se prendre un tout petit peu pour Proust, soyons fou ! Proust, Comédie-Française, Honoré. Des questions se posaient en foule un samedi soir sous la pluie. Et les réponses se font fines, légères, intelligentes et sympathiques.

 

© Jean-Louis Fernandez

 

 

Le Côté de Guermantes, adaptation et mise en scène de Christophe Honoré
Scénographie : Alban Ho Van et Ariane Bromberger
Costumes : Pascaline Chavanne
Lumière : Dominique Bruguière
Son : Pierre Routin
Travail chorégraphique : Marlène Saldana
Maquillages : Vesna Peborde
Assistanat à la mise en scène : Aurélien Gschwind et Sébastien Lévy
Assistanat aux costumes : Claire Fayel, costumière de l’académie de la Comédie-Française
Assistanat à la lumière : Nicolas Faucheux et Pierre Gaillardot

Avec :

Claude Mathieu (la Grand-Mère de Marcel), Anne Kessler (la Comtesse de Marsantes), Éric Génovèse (le Père de Marcel et Legrandin), Florence Viala (la Princesse de Parme), Elsa Lepoivre (la Duchesse Oriane de Guermantes), Julie Sicard (Françoise et la Comtesse d’Arpajon), Loïc Corbery (Charles Swann), Serge Bagdassarian (le Baron de Charlus), Gilles David (le Marquis de Norpois), Stéphane Varupenne (Marcel), Sébastien Pouderoux (le Marquis Robert de Saint-Loup), Laurent Lafitte (le Duc Basin de Guermantes), Rebecca Marder (Rachel), Dominique Blanc (la Marquise de Villeparisis), Yonn Gasiorowski (Bloch et le Prince Von)

Et les comédiens de l’Académie de la Comédie-Française :

Aksel Carrez (Gibergue et Valet de Charlus), Mickaël Pelissier (Valet de Marcel, Camille Seitz (Courtisane amie de Rachel et Dame de compagnie de la Princesse de Parme), Nicolas Verdier (Valet des Guermantes et Soldat ami de Saint-Loup)

Et
Romain Gonzalez (preneur de son en scène)

 

Durée environ 2 h 30

 

Du 30 septembre au 15 novembre 2020

 

Théâtre Marigny

Carré Marigny

75008 Paris

 

Réservation 01 44 58 15 15

https://billetterie.comedie-francaise.fr/

www.comedie-francaise.fr

 

 

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