À l'affiche, Critiques // Le chien, la nuit et le couteau, de Marius von Mayenburg, mis en scène par Louis Arene au Théâtre du Monfort

Le chien, la nuit et le couteau, de Marius von Mayenburg, mis en scène par Louis Arene au Théâtre du Monfort

Jan 15, 2019 | Commentaires fermés sur Le chien, la nuit et le couteau, de Marius von Mayenburg, mis en scène par Louis Arene au Théâtre du Monfort

 

© Bekir Aysan

 

ƒƒƒ article de Toulouse

Le chien, la nuit et le couteau, texte criblé d’énigmes que signe le dramaturge allemand Marius von Mayenburg, offre à Louis Arene un terrain de jeu très riche, qu’il a su apprivoiser intelligemment dans une lecture profonde et tout à fait sensible de l’œuvre.

Le rideau s’ouvre sur une ruelle sombre en pleine nuit, tension électrique et atmosphère koltéssienne, deux hommes se barrent la route, au loin les rugissements de chiens féroces et de bêtes sauvages. Un décors de plomb, dans l’obscurité saisissante et sibylline d’un film de David Lynch, un conte cauchemardesque entame son aventure : celle d’un homme en quête de réponse sur lui-même. Personnage en crise d’identité, symptomatique de la dramaturgie allemande contemporain, il entame une longue errance, plonge au plus profond de la nuit, et va croiser plusieurs autres protagonistes qui ne lui voudront pas que du bien. Peu à peu la mémoire lui joue des tours, les certitudes se floutent, tout comme celles du spectateur. L’histoire, qui jongle sur bien des registres, bascule sur un drame glauque et grinçant tout aussi jubilatoire qu’angoissant. Enfin ce fameux héros devra commettre des meurtres en série – s’agit-il d’ailleurs de crimes répétés ou de mystérieux mirages ? – enlever les peaux, défaire les masques, afin de conjurer la peur et de retrouver son vrai visage (au sens propre comme au sens figuré car ici les acteurs jouent totalement masqués).

La complexité de cette trame, qui pourrait s’apparenter à l’architecture d’un rêve sanglant, et la multiplicité des registres de jeu sont ici maîtrisés à la perfection. Louis Arene fait de sa proposition un art total et brillant. En effet il s’entoure d’une équipe d’artistes et de techniciens tous très talentueux. Les corps de ces comédiens virtuoses, portés par des masques surprenants et qui les métamorphosent totalement, viennent ainsi être sculptés par une lumière caravagesque de toute beauté, et accompagnés d’une ambiance sonore tantôt kitch et amusante, tantôt sombre et glaçante.

On retrouve dans cette joyeuse association un immense plaisir et une générosité rare, qui fait de ce spectacle une proposition éminemment accessible. Ils semblent tous faire du théâtre pour nous et pour rien d’autre. Cela paraît peut-être bête, mais cela se reçoit de plein fouet.

 

© Antoine Remy

 

Le chien, la nuit et le couteau, de Marius Von Mayenburg

Mise en scène Louis Arene
Conception Lionel Lingelser et Louis Arene

Avec Lionel Lingelser, François Praud, Sophie Botte
Traduction Hélène Mauler et René Zahnd
Dramaturgie Kevin Keiss
Création lumières François Menou
Création sonore Jean Thévenin
Création costumes Karelle Durand (assistée de Camille Ioos et Julien Antuori)
Création masques Louis Arene
Scénographie Louis Arene et Amélie Kiritzé-Topor
Régie lumière Julien Cocquet
Régie son Ludovic Enderlen ou Jean Thévenin
Régie plateau Valentin Paul

 

Du 8 au 19 janvier 2019 à 19h30

 

Théâtre du Monfort

106 rue Brancion

75015 Paris

Réservation au 01 56 08 33 88

http://www.lemonfort.fr

M° Porte de Vanves (ligne 13)
Bus 58 / 62 / 89 / 95 | 191
Tramway T3 station Brancion

 

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