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Le Birgit Kabarett, Conception, écriture et mise en scène de Julie Bertin et Jade Herbulot / Le Birgit Ensemble, au Théâtre du Rond-Point

Juin 22, 2024 | Commentaires fermés sur Le Birgit Kabarett, Conception, écriture et mise en scène de Julie Bertin et Jade Herbulot / Le Birgit Ensemble, au Théâtre du Rond-Point

ƒƒƒ article de Denis Sanglard

Le Birgit Ensemble fait son cabaret. Sous la houlette de Julie Bertin et Jade Herbulot, maîtresses de cérémonie, l’actualité politique est passée au laminoir. Ici point de strass ni de paillettes mais la grande tradition des chansonniers où seuls sont mis à nu nos femmes et hommes politiques. La dissolution impromptue et incompréhensible décidée par un président capricieux aux abois, l’approche des jeux olympiques devenus une bataille, un enjeu politique et citoyen, donne du gros grain à moudre au 7 qui sur le plateau, toutes des femmes à l’exception des deux musiciens, s’en donnent à cœur joie, dans un chamboule-tout, hop-là boum, méchamment corrosif et jouissif où notre classe politique en prend pour son grade, plein la bobine.

Fort bien observé, finement écrit, très bien chanté, à peu près chorégraphié, c’est une revue (de presse) satirique et caustique où sont étrillés promptement ceux et celles qui nous affligent et nous infligent avec tant de cynisme éléments de langage et langue de bois. A se demander, à les entendre, comment tant d’échardes dans la bouche ne les écorchent pas plus que ça. Pas d’outrance ni de vulgarité mais un sens de l’observation qui leur permet d’imiter, de grossir le trait, de caricaturer sans exagération et de trouver le ton juste, toujours. Et pour ceux et celles atteints de forte myopie, quelques cartons où sont inscrits au feutre les noms de chacun des politiciens évoqués. Economie de moyen radicale, en ces temps d’austérité c’est bien normal. Grégoire Letouvet et Roman Maron, compositeurs et paroliers, ont concocté au pied levé, dans la précipitation de cette dissolution qui leur offrait une sacré opportunité, mus par elle et les inspirant dans un temps très court, un véritable feu d’artifice où ils font joyeusement, allégrement tout péter.

On la sent bien cette urgence sur le plateau, cette fébrilité, cette inquiétude aussi devant les propos lâchés par nos dirigeant où ceux qui aspirent à diriger, rapportés et replacés ici dans un contexte satirique qui ne fait que grossir une méchante et vilaine vérité. Vérité qui semble faire défaut, dans ce contexte tendu, à nos élus. Renvoyés ici dos à dos Jordan Bardella et Gabriel Attal, Rachida Dati et Anne Hidalgo, ridiculisés leurs querelles égotiques, laminés l’hubris d’Emmanuel Macron, la stratégie hasardeuse d’ Ursula von der Leyen (en pleine déprime), l’attitude d’ Olaf Scholtz (totalement dépassé), l’Europe a du plomb dans l’aile… Raphaël Glucksmann, Jean-Luc Mélenchon, Éric Ciotti, Valérie Pécresse ou encore Amélie Oudéa-Castéra, et tant d’autres de notre paysage politique, toutes et tous en prennent pour leur grade à l’aune de leurs propos, de leur mauvaise-foi, comportements et revirements, (mais attention, trahison n’est pas opportunité dixit, qui s’y connaît bien dans le retournement de veste, Rachida Dati). Même notre général de Gaulle a droit à son hymne, vu que d’un bord à l’autre de l’échiquier politique chacun se déchire sa dépouille. A entendre ce qui se dit sur cette scène, à bien écouter ce qui se chante, on se dit au final que l’outrance et la caricature sont dans leurs rangs et non sur ce plateau qui ne fait en quelque sorte que leur retourner le compliment pour tant d’imagination. Pour un peu on les remercierait d’avoir permis aux auteurs et comédiennes/chanteuses de ce cabaret inspiré d’écrire et chanter avec tant de verve et d’acuité ce qui n’est au fond qu’une triste et lamentable comédie du pouvoir. Vaut mieux donc s’empresser d’en rire avec Le Birgit Kabarett, avant que d’en pleurer. Il sera bien temps pour ça. Dans pas longtemps peut-être. Surement.