© Giovanni Cittadini Cesi
ƒƒƒ article de Nicolas Brizault
Avant le début de ce dernier spectacle de Mathilda May, bêtement et méchamment on reste un peu dubitatif, bien trompés par le fantôme de Platon qui doit en rire encore. Ou bien on s’invente des bagarres dénuées de rythmes, lentes et sans trop de sens. Et… on rit dès que le rideau s’ouvre : tout débute avec la bonne, coincée côté public et qui se donne toute la peine du monde pour trouver l’entrée de cette fichue scène, jolie tente de Garden Party, pour la mise en place du Banquet qui suit le mariage de deux jeunes gens issus de bonnes familles ou presque, c’est selon.
Elle y parvient, après mille éclats de rire déjà dans la salle. Les invités arrivent, discutent papotent. Bien sûr on ne comprend rien, cela donne du « chaboudighdchglop ? » et du « maboeduuthuluppalalggg. » Sur tous les tons, traduisant amour, agacement, haine et grand amour, tout ce que l’on peut trouver dans ce type de festivité. La répétition de certains mouvements, comme cet alpinisme douloureux vers le buffet, crée une sorte de structure, chaque fois victorieuse, pas forcément par le gain d’un petit four mais par les réactions toujours aussi emballées de la salle… Le champagne coule à flot, ça se voit sur tous ces personnages qui se dégradent, s’avilissent ou s’épanouissent de plus en plus. Ça chie, pisse et vomi partout mais surtout sur le blanc de la robe de la mariée, pauvre mariée furieuse.
Ces personnages surprennent, nous rappellent des souvenirs, nous emportent. L’humour est parfois lourd à souhait, l’atmosphère évoquant parfois des échos de films issus du cinéma muet. Certains personnages sont joués par les mêmes comédiens, et hop ! ni vus ni connus, changement rapide de costumes et ils nous attrapent jusqu’aux saluts, heureux et dansés, et où on se dit « mais où est passé untel ou unetelle ? » Nous avons été noyés dans leurs borborygmes, rendus innocents, sous le sens du terme et ils nous ont eus !
Une petite lenteur décevante dans les trois dernières minutes, une fin un peu simplette malgré sa violence amoureuse mais le rythme est entraînant, plus qu’entraînant d’ailleurs, il nous suit pas à pas, même après ce spectacle. Surprenant. Et là Platon rit moins, on ne pense plus à lui, il se retrouve au fin fond d’une poubelle, couvert d’assiettes sales, de verres vides. Un mariage et ses catastrophes, Mathilda May et son équipe nous ont bien eus, joie, bonheur, félicité !!
© Giovanni Cittadini Cesi
Le Banquet, Conception et mise en scène de Mathilda May
Avec Sébastien Almar, Roxane Bret, Bernie Collins, Jérémie Covillaut, Lee Delong, Stéphanie Djoudi-Guiraudon, Arnaud Maillard, Françoise Miquelis, Ariane Mourier, Tristan Robin
Assistanat à la mise en scène Grégory Vouland
Décor Jacques Voizot
Lumières Laurent Béal
Son Guillaume Duguet
Costumes Valérie Adda
Vidéo Nathalie Cabrol
Assistée de Jérémy Secco
Régie technique Éric Andriant
Salle Renaud-Barrault
Du mardi au samedi, 21h
Dimanche, 15h
Relâche les lundis, les 14 et 16 octobre, les 1er et 4 novembre 2018
Rencontre-dédicaces avec Mathilda May les 19, 20 octobre et les 2, 3 novembre à la Librarie du Rond-Point / Actes Sud
Durée 1h25
Billetterie 01 44 95 98 21
Théâtre du Rond-Point
2bis av Franklin D. Roosevelt
75008 Paris
www.theatredurondpoint.fr
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