Critiques // « L’Asticot » de Shakespeare, par Clémence Massart au Théâtre Galabru

« L’Asticot » de Shakespeare, par Clémence Massart au Théâtre Galabru

Fév 21, 2011 | Aucun commentaire sur « L’Asticot » de Shakespeare, par Clémence Massart au Théâtre Galabru

Critique de Camille Hazard

Clémence Massart est « Madame Asticot ».

Asticot grassouillet qui, du théâtre du Globe à Londres jusqu’à Paris, a rencontré Shakespeare, Baudelaire, Giono, Jankélévitch… C’est à travers des textes choisis de ces auteurs que Clémence Massart nous attire dans une danse folle, satirique, morbide et succulente !! Elle nous prend par la main, nous entraîne dans une énergie frénétique et nous succombons ensemble au plaisir de faire la nique à Madame la Mort.

Sur un plateau où ne l’attendent que quelques accessoires et instruments de musique, l’asticot rondelet entre en scène sur un air d’accordéon. Au fur et à mesure des textes, Clémence Massart redonne vie à des personnages illustres de théâtre. Toujours sur un fil comique et poétique, elle puise chez nous des émotions assez fortes : nous passons des rires aux larmes le temps d’un changement de costume…

Assez désorientés au début (spectateur, il n’est pas évident de lâcher prise et de laisser paraître ses émotions intimes lorsqu’on nous parle de la Mort !) nous entrons petit à petit dans une atmosphère si simple, si évidente, si généreuse, que l’on accepte de se laisser immerger, jusqu’à se moquer de nos propres peurs.

« J’ai créé ce personnage pour le Footsbarn, avec qui j’ai joué à Londres au Globe, le théâtre dédié à Shakespeare. L’asticot, c’est celui qui nettoie le terrain quand tout le monde est mort, c’est le technicien de surface ». Clémence Massart

Prière à la gloire de la Faucheuse

Drapée de cape, de manteau élimé, de voile, et accompagnée de petits accessoires, de gris-gris, Clémence Massart donne l’impression d’être en prière, d’offrir ses incantations à la Mort. Peut-être pour lui échapper, par folie ou simplement par bonheur de vivre. Un souffle sacré s’élève alors pour aérer les situations burlesques et, amène par petites touches de vives émotions.

Point de décors, point de mise en scène voyante, point de bruitage, de bande-son, d’effet… Juste une comédienne qui, avec simplicité et poésie, bat le tambour pleinement, nous débarrasse de nos peurs d’enfant et nous amuse ! Avec son visage lunaire et peint en blanc, elle traverse des personnages emblématiques (un roi, le diable, un paysan, un prince, Sarah Bernhard…). En un instant, son personnage s’évanouit faisant place à un autre protagoniste : changement de costumes, voix, démarches, regards, maintiens, rythme… Tout s’enchaîne devant nous avec la plus grande poésie.

Asticotage de textes

Les textes choisis par Philippe Caubère et Clémence Massart sont de toute beauté ! D’époques et de genres très différents, ils donnent à entendre de la poésie macabre, où la charogne a une odeur forte et puissante (« Une Charogne » de Charles Baudelaire), des réflexions universelles et profondes (Le fossoyeur – Hamlet de W.Shakespeare), de la bouffonnerie la plus irrésistible (une chanson composée par Clémence Massart)…

Ce choix d’échafauder des textes et d’amonceler tous ces personnages auraient pu anéantir ces écrits puissants, les rendre anecdotiques, mais Clémence Massart jongle avec une telle habileté et humilité qu’elle les fait pleinement revivre tout en nous faisant un grand pied de nez !

L’Asticot
De : William Shakespeare
Création et interprétation : Clémence Massart
Direction : Philippe Caubère

Du 4 janvier au 15 février  2011
Prolongation du 16 février jusqu’à fin mars 2011

Théâtre Montmartre-Galabru
4 rue de l’armée d’Orient, 75018 Paris – Réservations 01 42 23 15 85
www.theatregalabru.com

www.clemencemassart.fr

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