© Christophe Raynaud de Lage Festival d’Avignon
ƒƒ article de Denis Sanglard
Il était une fois… un prince et une princesse qui s’aimaient, séparés par la guerre de leur pays respectifs. Il était une fois un odieux général, un jardinier, une fille de vaisselle moustachue et fort laide. Il était une fois un prince qui ne voulait pas la guerre, une princesse jetée en prison. Il était une fois un jardinier qui ne voulait pas partir au combat, une fille de vaisselle qui voulait être soldat ou corsaire. Il était une fois un royaume dévasté, un peuple affamé. Il était une fois un prince qui se croyait défiguré, une princesse qui chantait. Il était une fois…
Théâtre musical, fable féministe, écologique, pacifique, inspiré d’un conte de Grimm, la demoiselle Maleen, c’est une opérette contemporaine faussement naïve pour les petits et les grands. Récit initiatique sur la violence du monde, la résilience et la force de l’amour, toujours vainqueur. Olivier Py met en scène et en chanson la catastrophe et la destruction du monde, la violence de la guerre et la capacité de chaque individu à refuser l’inéluctable pour suivre son destin et faire refleurir les jardins. Devant l’inquiétude des hommes l’avenir appartient au féminin. Et un prince peut bien épouser un comédien. L’amour fait fi du genre. Olivier Py inverse les rôles, les femmes sont fortes et fragiles les hommes. Même un méchant général peut s’effondrer en larme devant le pardon.
C’est drôle et léger, c’est grave et sérieux. C’est du théâtre de tréteaux. Plateau nu et simples toiles imprimés de photos pour décors, manipulés à vue par un machino, quelques accessoires et peu d’effets. Olivier Py ne s’embarrasse pas de détails superflus, va à l’essentiel, le rythme est allègre. Les comédiens-chanteurs-musiciens, très belles voix et jeu talentueux, aguerris à l’opérette, qui obligent à passer de la chanson au texte sans transition avec grand naturel, incarnent joliment leurs personnages. Sans niaiserie, sans mièvrerie, avec juste ce qu’il faut de vérité et de stéréotype, d’outrance à peine esquissée. Changent de rôle le temps d’enfiler leur costume avec grande célérité, sans rupture. Et quand ils ne sont pas sur le plateau, accompagnent de leur instrument le partenaire qui chante. On devine, du metteur en scène aux chanteurs, un véritable engagement et une volonté à ne pas prendre les enfants pour des imbéciles passifs mais de futurs adultes capable de comprendre par eux-mêmes, voire de se poser des questions devant des sujets de sociétés. Et pour les adultes, tout aussi captivés, quelques répliques bien senties sur la macronie ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd…
© Christophe Raynaud de Lage Festival d’Avignon
L’Amour vainqueur, texte, mise en scène et musique d’Olivier Py
Scénographie, costumes, maquillage Pierre-André Weitz
Lumière Bertrand Killy
Arrangements musicaux Antoni Sykopoulos
Avec Clémentine Bourgouin, Pierre Lebon, Flannan Obé, Antoni Sykopoulos
Du 3 au 8 mars 2020
Mardi et vendredi à 19 h, mercredi et dimanche à 15 h, samedi 15 h et dimanche à 17h30
Le CENTQUATRE-PARIS
5 rue Curial
75019 Paris
Réservations 01 53 35 50 00
Tournée
19 au 20 mars 2020 Théâtre National de Nice
1er au 3 avril 2020 Théâtre d’Angoulême, scène nationale
7 au 9 avril 2020 Opéra de Limoges
16 avril 2020 Théâtre Georges-Leygues, Villeneuve-sur-Lot
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