© Adrien Guitton

Article de Victoria Fourel

Manifeste pour l’instant présent, l’amour et l’action, L’Aile déchirée suit la quête amoureuse d’un jeune homme, pris entre son idéal et la violence de son époque. Il est toujours jouissif de voir des jeunes réinventer la poésie, de les voir tenter de rendre accessible leur vision du beau, une nouvelle vision du beau.

Et c’est bien ça qu’il faut retenir de cette création. Car si l’élan est bon, la réception ne l’est pas nécessairement. La poésie existe, mais est assez appuyée pour que tout nous semble explicatif. Liaisons faites systématiquement, métaphores un peu faciles, tout est un peu trop écrit, si l’on peut dire. D’ailleurs, avec moins de texte, le mystère et les propositions d’images faites au public n’en seraient que plus fortes, et les silences vivraient autrement mieux. En effet, le tout est bavard, et empêche que l’ensemble se parle et se réponde vraiment. A trop vouloir dialoguer le spectacle, et rendre le propos clair, on perd certains choix d’interprétations. Même les clowns, à la présence jouissive et immédiate, verbalisent et expliquent ce qu’elles jouent, alors qu’elles pourraient se l’éviter.

Et dans le jeu, cela se ressent. Si techniquement, les jeunes comédiens sont en place, et si certains dégagent de belles choses, l’ensemble manque de diversité et de concret. On ne parvient pas à être vraiment ni dans l’histoire ni dans le rêve qui nous est proposé. Tout est dit et montré, malgré le désir d’emmener le spectateur aussi loin que possible. Un premier degré qui fait que les comédiens jouent dans le souffle, dans un manque de naturel, qui malgré tout, a sa place dans un travail autour de la jeunesse.

On peut saluer les idées en lumière et en costumes, sobres mais intelligentes. Mais on peut trouver que tout cela se regarde un peu trop, et que l’exigence et la nécessité de faire du théâtre ont donné à ce spectacle le défaut de trop vouloir montrer et démontrer. Pour que tout cela sonne juste, il faut alléger le propos, pour aller dans le sens des choix visuels du spectacle. Et utiliser ce formidable tremplin qu’est le théâtre de l’Athénée, écrin pour une jeune création.

L’Aile Déchirée, écrit et mis en scène par Adrien Guitton

Avec François Gardeil, Hugo Jasienski, Martin Karmann, Marie-Caroline Le Garrec, Laura Segré, Gaia Singer, Laurène Thomas et Loris Verrecchia

Scénographie  Juliana Bettarel
Lumière  Denis Koransky
Costumes  Hollie Barret, Odélia Rabusseau
Composition musicale  Florent Sénia

Du 9 au 19 novembre 2017, à 20h, le dimanche à 16h

Théâtre de l’Athénée
Square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009 Paris

Réservation 01 53 05 19 19
www.athenee-theatre.com

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